Lieutenants de louveterie : passion “destruction” 

En France, les animaux sauvages ne subissent pas seulement la terreur de la chasse, ce loisir sanguinaire protéiforme auquel s’adonnent quelque 900 000 passionnés chaque année. Renards, blaireaux, sangliers et autres bêtes fauves indésirables aux yeux de l’administration sont aussi persécutés par une autre branche armée, plus confidentielle mais nettement plus impitoyable : la louveterie. Qui est-elle ? Que fait-elle ? A l’occasion du renouvellement de ses membres jusqu’en 2029, l’ASPAS lève un coin du voile sur cette sinistre institution méconnue du grand public.  

N’allez pas demander à un chasseur s’il prend du plaisir à abattre d’une main froide une compagnie entière de sangliers réfugiée dans un fourré. Non, le chasseur, lui, « gère » les populations : il s’assure qu’il a suffisamment de cochongliers disponibles d’une année à l’autre sur son territoire de chasse, il les nourrit (agrainage), les « régule » de temps en temps (mais pas trop quand même), mais jamais il ne prendra du plaisir à tout abattre en une seule fois… C’est en tout cas ce qu’il vous dira, tout en envoyant ses chiens débusquer et acculer « le cochon » à moitié éventré, avant de venir l’achever à coups de dague dans un héroïque affrontement au corps à corps avec l’agonisante bête sauvage – une expérience cynégétique de plus en plus recherchée par de nombreux autoproclamés “premiers écolos de France” pour les sensations d’euphorie et de virilité que cela leur procure… Il posera ensuite fièrement derrière son « trophée » ensanglanté, une fougère délicatement posée dans la gueule de l’animal en guise de « respect du gibier » qu’il vient de massacrer, par pur plaisir.  

La « chasse » est un art, vous dira-t-il, avec ses codes, son éthique, tandis que la « destruction », opérée par les lieutenants de louveterie en accord avec les préfets, n’est rien d’autre qu’une vulgaire tuerie administrative, froide et irrespectueuse, qui ne mérite aucun honneur.  

Voilà le portrait à peine exagéré qu’on pourrait dresser d’un chasseur de sangliers d’aujourd’hui, qui ne voit pas vraiment d’un bon œil les interventions musclées des louvetiers, ces bénévoles missionnés par l’Etat pour agir de façon ciblée sur des « problèmes » liés à la faune sauvage. Des « problèmes » très divers, qui peuvent aller du piégeage de ragondins, jugés trop « envahissants », aux tirs de loups la nuit tombée, en passant par des battues aux renards, des abattages de bouquetins accusés de véhiculer une dangereuse maladie, ou la régulation de sangliers, donc, tenus pour responsables de collisions routières ou de dégâts trop importants dans les champs de maïs…   

Chasseur comme louvetier ont pourtant en commun le même funeste dessein : la mise à mort d’animaux sauvages. Les premiers, par loisir, les seconds par « nécessité » administrative.  

[…] La suite est réservée aux adhérents ASPAS.

Ce texte est extrait du dossier spécial publié dans le Goupil n°160 (hiver 2025) de l’ASPAS.
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Lieutenants de louveterie : passion "destruction" 

© Photo d’en-tête : Freepik

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