En Ecosse, le retour des loups préconisé pour aider la forêt à pousser

Dans les contrées les plus nordiques du Royaume-Uni, où les arbres ne recouvrent que 4% du territoire, des chercheurs recommandent la réintroduction des grands prédateurs pour réguler naturellement les populations de cerfs qui empêchent la forêt de se regénérer.  

Eradiqué du pays il y a environ 250 ans, le loup gris brille par son absence dans les paysages dégarnis d’Ecosse où pâturent, outre les millions de brebis, des centaines de milliers de cerfs élaphes. Des ongulés en surnombre qui maintiennent les milieux tellement ouverts que la forêt ne parvient pas à se régénérer, privant ainsi l’Ecosse d’importants puits de carbone naturels.  

A l’heure d’aujourd’hui, aucune politique de réintroduction de Canis Lupus n’est à l’œuvre. Une étude scientifique récente de l’Université de Leeds pourrait cependant changer la donne, à condition toutefois que l’Etat se dote d’une très ambitieuse volonté écologique… 

Les chercheurs de l’étude, publiée le 16 février 2025 dans la revue Ecological Solutions and Evidence estiment en effet que la réintroduction du prédateur pourrait permettre à environ 167 loups de prospérer (rappelons à nos chers détracteurs qu’un prédateur ne peut pas pulluler, par nature, ses effectifs s’auto-régulant selon la taille du territoire et le nombre de proies disponibles !), ce qui serait suffisant pour inverser le déséquilibre végétal actuel. En réduisant et en dispersant les populations d’herbivores sauvages, moins de jeunes plants seraient broutés permettant ainsi à la forêt de croître et regagner naturellement du terrain.  

L’impact écologique positif des loups permettrait, selon les scientifiques, une progression de la couverture forestière telle qu’elle permettrait de séquestrer peu ou prou 1 million de tonnes de CO2 par an.  

Cité par le journal The Guardian, l’un des auteurs de l’étude, le professeur Dominick Pracklen, soutient qu’il est « de plus en plus évident que les crises du climat et de la biodiversité ne peuvent pas être traitées séparément l’une de l’autre. La réintroduction d’espèces doit être regardée comme une solution permettant de réparer les écosystèmes qui, en retour, peuvent générer des effets positifs sur le climat et la biodiversité ».  

Une réintroduction du loup en Ecosse, si elle se fait un jour, ne pourra évidemment réussir que si elle est largement acceptée par les communautés locales, en premier lieu les éleveurs. Après tant de décennies l’absence, l’acceptation culturelle du retour d’une des plus importantes espèces clé de voûte des écosystèmes demandera du temps ! Quand on voit qu’en France, plus de 30 ans après son retour naturel via l’Italie, il est toujours autant persécuté…

Photo d’en-tête : © Chris Baukloh / Creative Commons

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