Chaque année, certaines préfectures permettent une ouverture anticipée de la chasse par déterrage des blaireaux, et ce parfois dès le 15 mai… en pleine période d’élevage des jeunes ! Pour que cesse cette pratique cruelle d’un autre âge, l’ASPAS vous invite à vous exprimer via les consultations publiques organisées dans chaque département concerné. Vous retrouvez sur cette page pratique l’ensemble des consultations en cours ainsi qu’un argumentaire général pour vous aider à y participer. Merci pour votre mobilisation !
Pourquoi il est important de se mobiliser
La saison de chasse générale court de septembre à février, mais pour les blaireaux, l’horreur peut commencer dès le printemps. En effet, la loi prévoit que des périodes complémentaires de vénerie sous terre peuvent être autorisées par arrêté préfectoral dès le 15 mai…
Avant toute publication d’arrêté autorisant l’ouverture d’une période complémentaire de vénerie sous terre, la préfecture doit organiser une consultation publique : l’ASPAS vous encourage fortement à y participer, car si les avis sont suffisamment nombreux et motivés, ils peuvent potentiellement être pris en compte par les préfets et faire modifier l’arrêté.
Et même si les préfets n’en tiennent finalement pas compte, il est inconcevable de laisser toute la place aux arguments fallacieux des chasseurs… Plus les citoyens manifesteront leur opposition à ce mode de chasse barbare à l’aide d’arguments scientifiques, plus notre demande de réforme sera audible et légitime !
Les consultations en cours :
SAONE-ET-LOIRE (71) : la préfecture veut autoriser une période complémentaire de vénerie sous terre à partir du 15 juin 2025. Infos concernant la consultation publique ICI. Répondez avant le 14 mars via le formulaire en ligne disponible ICI.
Vous avez été informés d’un projet d’arrêté de déterrage dans votre département qui ne figure pas sur cette page ? Contactez-nous pour que nous le rajoutions à la liste !
Des arguments à reprendre et à personnaliser
Ci-dessous, l’ASPAS met à votre disposition une série d’arguments généraux en défaveur de la vénerie sous terre.
Chaque département ayant ses problématiques propres, votre contribution aura encore plus de poids s’il tient compte des situations locales. Pour cela, n’hésitez pas à vous aider des arguments fournis par l’association AVES qui propose un décryptage détaillé de chaque projet d’arrêté préfectoral.
La période complémentaire de chasse sous terre du blaireau, ou vénerie sous terre, est une pratique cruelle, barbare et non sélective, indigne d’un pays qui se prétend « civilisé ».
Cette chasse cruelle a lieu pendant la période d’allaitement, de sevrage et d’élevage des jeunes, ce qui est catastrophique pour une espèce à faible taux de reproduction.
Une espèce fragile dont on ne connaît pas les populations exactes
Aucune donnée scientifique sérieuse relative à la population de blaireaux n’est fournie, et les recensements de terriers, lorsqu’ils ont lieu, ne distinguent pas terriers principaux et secondaires, ce qui augmente artificiellement les effectifs estimés. Or, les destructions vont avoir lieu pendant plusieurs mois, et alors que la période de dépendance des jeunes blaireautins n’est pas terminée (de mars à l’automne), ce qui est éthiquement insoutenable et catastrophique pour une espèce à faible taux de reproduction (une femelle a en moyenne seulement 2,3 jeunes/an).
Un véritable acharnement !
Le blaireau est un animal particulièrement impacté par les collisions routières. Espèce chassable jusqu’à fin février, le blaireau peut également subir des battues administratives. Autoriser une période complémentaire de déterrage à partir du 15 mai ne fait qu’accentuer l’acharnement contre cette espèce discrète et nocturne.
Des dégâts faibles et évitables
Les informations concernant les dégâts causés par les blaireaux ne sont pas précises. Les dégâts agricoles imputés à cette espèce sont très localisés (essentiellement en lisière de forêt), et sont souvent confondus avec les dégâts, autrement plus importants, provoqués par les sangliers. Ils peuvent être évités par des mesures de protection des cultures ou d’effarouchement, comme l’installation d’un fil électrique ou l’utilisation d’un produit répulsif. Ces systèmes ont fait leurs preuves dans le Bas-Rhin, par exemple, où les blaireaux ne sont pas chassés (pour en savoir plus, cliquez ici).
Le déterrage peut favoriser la dispersion de la tuberculose bovine
La vénerie sous terre n’est d’aucune utilité pour lutter contre la tuberculose bovine ; au contraire, elle ne ferait que contribuer à son expansion ! C’est la raison pour laquelle, dans les zones à risque, un arrêté ministériel du 7 décembre 2016 interdit « la pratique de la vénerie sous terre pour toutes les espèces dont la chasse est autorisée en raison du risque de contamination pour les équipages de chiens ». La tuberculose bovine est une maladie d’origine agricole, transmise à beaucoup d’animaux sauvages dont les blaireaux qui peuvent ensuite devenir un réservoir. Depuis 2001, la France est considérée comme « officiellement indemne de tuberculose bovine » par l’Union européenne, malgré la persistance chaque année d’une centaine de foyers en élevage.
Le blaireau, une espèce protégée ailleurs en Europe
Le déterrage porte une atteinte supplémentaire à une espèce pourtant garante d’une biodiversité riche et d’une nature préservée. Elle est protégée chez nos voisins anglais, belges et néerlandais, et fait l’objet d’une attention particulière par la Convention de Berne.
La vénerie sous terre, cruelle pour les blaireaux et cruel pour les chiens
Maintenus prisonniers pendant des heures sous terre pendant que les chasseurs manipulent pelles, pioches et barres à mine pour saccager leur terrier, les blaireaux visés par le loisir de la vénerie subissent un état de stress énorme. Une fois atteints, les animaux sont violemment extirpés de leur “maison” à l’aide de grandes pinces, puis mis à mort par fusil ou arme blanche (s’ils ne sont pas déjà morts de stress ou tués par les chiens sous terre…)
Introduits parfois de force dans les galeries, les chiens de chasse sont incités à acculer les blaireaux au fond de leur terrier, s’exposant ainsi aux griffes puissantes des mustélidés qui cherchent à se défendre. Inversement, les chiens les plus vaillants et hargneux dont les chasseurs n’ont aucune maîtrise sous terre, peuvent déchiqueter vivants les petits blaireaux. Dans un cas comme dans l’autre, la vénerie sous terre est source de souffrance animale.
La vénerie sous terre est une chasse non-sélective
Par la destruction des terriers de blaireaux, la vénerie sous terre porte potentiellement atteinte à d’autres espèces animales. Les terriers peuvent en effet servir de gîte à d’autres animaux, notamment les renards, mais aussi des espèces protégées comme le chat forestier, la loutre (si le terrier est proche d’une zone humide), certaines variétés de chauve-souris, d’amphibiens et de reptiles.
La période complémentaire de déterrage tue les blaireautins
Par ailleurs, la loi interdit aux chasseurs de tuer les “petits” des mammifères chassables, or chaque année, de l’aveu même des chasseurs, de nombreux blaireautins succombent à l’atrocité de la vénerie sous terre. En effet, une fois envoyés sous terre, les chiens échappent à la maitrise des chasseurs et blessent ou tuent directement des petits.
Dans sa récente décision du 28 juillet 2023, le Conseil d’Etat rappelle l’interdiction de tuer les “petits” de blaireaux, étant entendu qu’un “petit”, au sens scientifique, est celui qui n’est pas en mesure de se reproduire et donc de contribuer au renouvellement de l’espèce. Le Conseil d’Etat a rappelé que le préfet est tenu de s’assurer, au regard des circonstances locales, « qu’une telle prolongation [de la vénerie sous terre] n’est pas de nature à porter atteinte au bon état de la population des blaireaux ni à favoriser la méconnaissance, par les chasseurs, de l’interdiction légale de destruction des petits blaireaux ». Or, pendant la période complémentaire (de mars à septembre), les petits sont encore dépendants des parents (période de sevrage et d’élevage des jeunes) et, en tout état de cause, ne sont pas en âge de se reproduire, et donc de participer au renouvellement de l’espèce. Sur la base de cette argumentation, de nombreux tribunaux ont suspendus/annulés les arrêtés autorisant les périodes complémentaires de vénerie sous terre.
Citons par exemple :
- Tribunal administratif d’Amiens, décision n°2102956 du 28 décembre 2023 (Somme)
- Tribunal administratif de Caen, décision n°2201342, 2201597 du 24 novembre 2023 (Orne)
- Tribunal administratif de Poitiers, décision n°2101751 du 19 octobre 2023 (Vienne)
Merci pour votre mobilisation !