Médaille d’or pour le castor !

Longtemps exploité en France pour sa fourrure, sa viande et sa précieuse sécrétion anale qui a fait le bonheur de générations de parfumeurs, le castor d’Eurasie est désormais strictement protégé et admiré pour ses formidables talents d’ingénieur des écosystèmes ; à l’épreuve des changements climatiques, de l’effondrement de la biodiversité et de l’assèchement des zones humides, le plus gros rongeur d’Europe s’avère être en effet un très précieux allié pour des humains désemparés, à tel point qu’il est même dorénavant imité !

Là où il y a des castors, il y a de la vie 

Avec leur capacité à retenir l’eau et à créer des environnements riches en nutriments, les castors jouent un rôle absolument prépondérant dans la création et le maintien d’écosystèmes aquatiques et semi-aquatiques. 

Les barrages créent des zones humides, qui sont des habitats vitaux pour de nombreuses espèces animales et végétales. Ces zones humides augmentent la biodiversité en offrant des conditions de vie favorables aux amphibiens, en leur proposant des lieux de reproduction idéaux. Les oiseaux vont trouver des zones de nidification et des sources de nourriture. Les eaux calmes ou stagnantes retenues par les barrages favorisent la prolifération des insectes aquatiques, qui sont à leur tour une source de nourriture pour les poissons et les oiseaux

Les barrages jouent aussi un rôle crucial dans la régulation de l’eau et des régimes hydrologiques, en réduisant le risque d’inondations. En ralentissant le flux d’écoulement, sans le bloquer complètement, les barrages de castors permettent la sédimentation des particules et la filtration des polluants. L’eau qui s’infiltre à travers les barrages est à cet égard souvent plus propre.  

Enfin, en rongeant les arbres, les castors contribuent à la création de clairières, ce qui permet à la lumière de pénétrer jusqu’au sol forestier et de favoriser la croissance de nouvelles plantes. Cette activité de coupe de bois crée une dynamique bénéfique pour la régénération de la végétation. Un saule coupé va recéper en de nombreuses nouvelles branches. Le castor est ainsi un formidable forestier qui contribue au développement des ripisylves et l’épanouissement de toute la biodiversité associée à ces précieuses forêts alluviales.   

« Plutôt que des mégabassines, et si les castors étaient la solution ? » Ainsi titrait, un brin provocateur, le Huffington Post dans un article passionnant paru le 7 avril 2024 à l’occasion de la Journée internationale du castor… En tant qu’architecte des écosystèmes, avec à la fois un impact fort sur l’enrichissement de la faune et la flore et la création de nouvelles zones humides, le castor peut en effet être d’un précieux secours pour les agriculteurs dont l’activité dépend beaucoup de la ressource en eau. Citée par le journal, l’artiste et experte en agroécologie Suzanne Husky soutient que « les hydrologues ont compris qu’il était possible de s’appuyer sur une espèce qui a 8 millions d’années d’expérience ». Pour cette experte nord-américaine, le castor fait « remonter la nappe phréatique, hydrate et amplifie la vie ». En clair, en retenant et en faisant monter le niveau des cours d’eau, les castors permettent de maintenir sur le temps long l’humidité dans les sols, humidité dont profiteront les cultures en période de sécheresse mais aussi toute une panoplie d’espèces végétales et animales, dont les pollinisateurs et les prédateurs des insectes ravageurs.  

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Retrouvez dans le magazine Goupil n°158 de l’ASPAS (été 2024) l’intégralité de ce dossier consacré aux castors, rédigé avec la complicité de Castor & Homme, association basée dans la Drôme.

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© Photo d’en-tête : Simon Bugnon

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