Les habitants des Yvelines les ont peut-être déjà aperçues, dans une clairière de la belle forêt de Pinceloup, sur la commune de Sonchamp près de Rambouillet. Non, pas des loups (le dernier aurait été capturé en 1869…) mais deux sculptures permanentes, tout en bois, installées là en avril 2019 suite à une commande passée dès 2017 par les services culturels du département à l’artiste Will Menter, habitué des installations en plein air.
Parfaitement insérées dans leur milieu près de sentiers publics (voir la vidéo), les sculptures sonores conçues pour durer dans le temps attirent la curiosité des promeneurs de passage, qui apprécient une once de culture discrète dans une nature par ailleurs plutôt bien préservée.
Mais Will Menter est en colère. Le 1er août, il reçoit un appel embarrassé d’un employé du département lui signalant que ses œuvres allaient devoir être démontées, 4 mois seulement après leur installation, parce que « le président du conseil général a décidé que la forêt est un lieu de chasse et pas un lieu de culture », selon les termes utilisés par l’artiste dans une publication Facebook.
Ce président qui privilégie un loisir morbide sur la création artistique n’est autre que Pierre Bédier, membre des Républicains, qui s’affiche en public au salon de la chasse de Rambouillet et auquel l’observatoire Politique & animaux a attribué la brillante note de 4,9/20 pour son (in)action pour une amélioration de la condition animale.
Démonter les œuvres et les extraire du milieu pour lequel elles ont été créées s’assimile, pour Will Menter, à une forme de destruction. Pour l’ASPAS, cette affaire révèle surtout une fois de plus à quel point certains politiques haut-placés sont vendus corps et âme au monde de la chasse, et n’hésitent pas à abuser de leur pouvoir pour satisfaire le seul intérêt cynégétique ; pour le plaisir de quelques hommes armés qui veulent tirer des cerfs ou des sangliers, il est tout à fait scandaleux que l’artiste sous contrat soit moralement dépossédé de son œuvre, et que les citoyens se retrouvent privés d’une ressource culturelle financée par leurs impôts !
Lobbying politique, fermeture d’esprit, domination et volonté de s’accaparer les terres et les animaux qui y vivent : la chasse, c’est la tradition, selon les chasseurs. Les valeurs qui l’accompagnent aussi.