C’est officiel : depuis le 22 juin, les éleveurs de vaches et de chevaux pourront plus facilement recourir à des tirs de défense contre les loups, sans avoir justifié d’une réelle protection de leurs troupeaux ! L’ASPAS, qui s’était mobilisée contre ce projet en appelant à participer à la consultation publique dénonce cette nouvelle atteinte au grand prédateur et va étudier la possibilité de saisir la justice.
Ce nouveau texte, qui est une modification de l’arrêté du 21 février 2024 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup, s’appuie sur les nouvelles dispositions de la loi d’orientation agricole publiée le 24 mars 2025.
L’article 16 de cette loi affirme, sans aucune justification scientifique ou technique, qu’il n’existe pas de mesure de protection efficace pour soustraire les troupeaux bovins, équins et asins (ânes) aux menaces de prédation du loup. Pourtant, une étude de parangonnage sur la politique publique du loup publiée en septembre 2023 démontre au contraire que des moyens de protection des troupeaux bovins sont déployés avec succès dans d’autres pays européens…
En dépit d’une écrasante majorité d’avis négatifs (83% des 5134 contributions déposées dans le cadre de la consultation publique), y compris celui du CNPN, le ministère de l’Ecologie n’a apporté aucune modification à son projet d’arrêté… Le texte, entré en vigueur le 22 juin, est une nouvelle preuve de l’absence de volonté du gouvernement de privilégier les solutions de cohabitation avec les loups.
Seule obligation pour les éleveurs avant de demander un tir de défense : la mise en place d’une mesure de « réduction de vulnérabilité » de leurs troupeaux parmi les 10 listées sur l’arrêté (vêlage en bâtiment, présence de bovins à cornes dans le troupeau, rassemblement nocturne, inspection et visites fréquentes, etc.). Or parmi ces 10 mesures, 5 seulement permettent réellement de réduire la vulnérabilité des troupeaux !
Autre souplesse inacceptable rendue possible par ce texte : une seule attaque de loup en 12 mois, malgré la mise en place d’une seule de ces mesures, suffit pour enclencher l’octroi d’un tir létal. Pire, dans les communes soumises à un risque élevé de prédation (classées en cercle 0 et 1), ces tirs pourront être ordonnés sans que le troupeau ait été attaqué !
L’ASPAS, forte de la jurisprudence obtenue récemment devant le Conseil d’Etat avec d’autres associations (précisément sur la prétendue « non-protégeabilité » des troupeaux bovins), va désormais étudier la possibilité de saisir à nouveau la justice pour obtenir la suspension de cette nouvelle mesure anti-loup.
Photo d’en-tête © V. Cech