“Réforme nuisible” : pro-chasse et incohérente

fouine-R.BlackbournDésormais, il y aura les «bons» nuisibles et les «mauvais» nuisibles : un vrai gag ! Derrière cette réforme absurde, voulue par les chasseurs, se cache la volonté d’empêcher les associations de protection de la nature de faire respecter le droit. Comme d’habitude, le lobby des chasseurs a exigé que l’Etat soit à sa botte : quand les lois ne leur plaisent pas, ils les changent en leur faveur.
Cette réforme a vu le jour par décret du 23 mars 2012, mais elle fait actuellement l’objet d’une consultation publique sur le site du ministère de l’Écologie et sera mise en application dans les jours prochains. Elle attribue désormais aux animaux dits « nuisibles » trois sortes de statuts.

 1) Les « étrangers » : par arrêté ministériel annuel, les ragondin, rat musqué, chien viverrin, vison d’Amérique et raton laveur sont classés sur l’ensemble du territoire national « espèces exogènes ». Cet acte prévoit leur éradication sans restriction ni de temps, ni de lieu, y compris dans les départements où leur présence n’a jamais été observée ! Est également concernée l’oie bernache du Canada qui, il y a peu, n’était même pas considérée comme chassable.

 2) Les « mauvais » nuisibles, prédateurs des espèces « gibier », donc compétiteurs directs des chasseurs : renard, fouine, martre, belette, putois, pie bavarde, corneille noire, corbeau freux, geai des chênes et étourneau sansonnet. Ces espèces seront classées département par département, mais dans un arrêté ministériel valable trois ans.

 Geai-F.Cahez3) Les « bons » nuisibles : Un troisième arrêté concerne les espèces qui , en termes économiques, sont responsables de plus de 80 % des dégâts : sanglier, lapin de garenne et pigeon ramier. Ces espèces, chéries par les chasseurs, continueront de dépendre d’arrêtés préfectoraux, après consultation de la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) largement dominée par… les chasseurs.

 La réforme des « nuisibles » est directement faite pour contrer les actions des associations, ASPAS en tête, qui gagnaient régulièrement leurs recours contre les arrêtés préfectoraux annuels donnant les listes de « nuisibles ». Désormais, ces recours associatifs seront empêchés pendant trois ans ! Cette réforme de la chasse n’a aucune justification scientifique, ni économique ou sanitaire.

 Si cette réforme ne tient pas compte des réalités biologiques et des aspirations écologiques des français, elle ne tient pas compte non plus des réalités de l’agriculture d’aujourd’hui. Abattre les renards pour « protéger » les faisans de tir lâchés juste avant les parties de chasse, coûte un lourd tribut aux agriculteurs, notamment ceux, de plus en plus nombreux, qui pratiquent le semi-direct (culture sans labour) ou ceux qui ont leur prairies dans les départements envahis par le campagnol des champs.

 Comme toutes les réformes du droit de la chasse qui se sont succédées à un rythme soutenu depuis 10 ans, celle-ci est rédigée par les chasseurs pour les chasseurs. Elle s’inscrit parfaitement dans la politique pro-chasse voulue par le dernier gouvernement et qui semble se poursuivre avec celui-ci.

 

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