Ours et pastoralisme : une enquête exclusive de l’ASPAS

Dans son objectif de sauvegarde de l’ours, l’ASPAS, Association pour la protection des animaux sauvages, a organisé au cours de l’été 2019 des visites dans les estives des départements pyrénéens, dont l’Ariège (09).

Entre le 30 juin et le 8 octobre 2019, une quinzaine de personnes ont effectué 24 sorties dans des zones à ours sur les estives fréquentées par les troupeaux, afin de procéder à certaines observations sur le terrain. Objectif : témoigner des moyens de gardiennage de troupeaux mis en place par les éleveurs, et proposer des solutions concrètes pour améliorer la cohabitation entre l’ours et les éleveurs, dans le plus grand respect de la faune et de la flore.

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Ours et pastoralisme : une enquête exclusive de l'ASPAS

Au long de ces visites, nous avons rencontré de nombreux pâtres exerçant une garde serrée profitable au troupeau, avec permanence auprès du troupeau et regroupement nocturne, présence de chiens de protection, et mise à l’écart éventuelle d’une brebis malade « pour l’ours ». Leur professionnalisme semble avoir porté ses fruits.

La garde serrée du troupeau et la présence des chiens de protection garantissent une diminution et une limitation des prédations. Cette sécurité acquise permet de relativiser la présence du prédateur qui devient un sujet d’étude, d’intérêt et même d’observation à distance.

Cependant, les groupements pastoraux devraient prévoir de mettre à disposition des pâtres les moyens de protection adaptés à l’estive et à l’effectif prévu du troupeau, en particulier concernant le nombre de chiens de protection, et les parcs. En effet, certains troupeaux sont pléthoriques sur des estives inadaptées à ces taux de chargement.

Voici ci-dessous quelques points clés qui ressortent de notre enquête :

  • aucune des estives visitées n’avait mis en place le triptyque « pâtre + chiens de protection en nombre suffisant + parc de regroupement fermé électrifié » au complet.
  • sur 10 des 24 estives visitées, il a été constaté que les bergers s’absentent pour des périodes variables allant jusqu’à plusieurs jours et plusieurs nuits, sans être remplacés, laissant le troupeau sans surveillance ni protection.
  • 11 estives sur 24 avaient des chiens de protection
  • seules 3 estives sur 24 disposent d’un parc de regroupement électrifié

Quant à la gestion des espaces naturels, il a été constaté :

  • nombreuses estives sur-pâturées, avec disparition de la flore naturelle et installation de plantes nitrophiles
  • une importante érosion des sols
  • une contamination de l’eau de ruissellement par les déjections du bétail
  • un recul de la faune terrestre naturelle (isards, marmottes)

Face aux problèmes rencontrés, l’ASPAS préconise, entre autres :

  • l’utilisation correcte de tous les moyens de protection, notamment en encourageant les groupements pastoraux à prévoir l’équipement de leur estive, en révisant les critères d’attribution des indemnisations Dégâts Ours, et en redirigeant les aides sur la revalorisation du salaire des pâtres
  • une amélioration de la qualité des chiens de protection (en perfectionnant la sélection, en proposant des formations Conditionner un chien de protection aux éleveurs, en proposant un test d’aptitude pour les chiens de protection avant leur montée en estive)
  • un plus grand respect du milieu naturel, de la faune sauvage et de la flore naturelle (en étudiant et limitant les taux de chargement des estives, en encourageant au déplacement périodique des parcs de soins, des parcs de regroupement, etc.)

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