Depuis le 1er mars 2019, un animal sauvage traqué par un équipage de chasse à courre jusque dans une zone habitée ou commerciale, est maintenant « gracié », selon un décret publié au Journal Officiel. Voilà qui ressemble, à première vue, à une toute petite victoire pour les 84% de Français opposés à la vénerie. A première vue seulement… Explications.
En janvier 2019, l’ASPAS incitait à participer à la consultation publique concernant ce projet d’arrêté, en précisant que si toute limitation de la chasse à courre est bienvenue, seule une interdiction totale de cette pratique injustifiable est acceptable. La souffrance inutile du cerf poignardé après épuisement est la même, qu’elle ait lieu au fin fond des bois que près des habitations. La barbarie n’est pas plus éthique lorsqu’elle se déroule loin des yeux sensibles !
Le diable se cache dans les détails
Dans un communiqué, le collectif AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui) qui mène une lutte pacifique contre cette pratique ancestrale, parle de « poudre aux yeux » concernant le nouvel arrêté ministériel, qui a été rédigé en concertation avec la Fédération des Chasseurs et la Société de Vénerie, mais sans impliquer la société civile autrement que par avis consultatif.
En effet, s’il est prévu que l’animal puisse être gracié près des habitations, l’article 7 du nouveau texte prévoit surtout que l’équipage de chasse puisse « faciliter le déplacement de l’animal loin de la zone habitée » … Une fois emmené loin des regards, loin des gendarmes, qu’est-ce qui garantit qu’il ne sera pas achevé par les veneurs ?
La fin de l’article 7 est encore plus troublante : s’il est impossible de l’éloigner, les autorités pourront « procéder à l’anesthésie de l’animal », ou à défaut… de « procéder à sa mise à mort ». Il est donc fort peu probable que ce texte ne change grand-chose… S’il s’agit d’une avancée pour la sensibilité des particuliers qui assistaient impuissants à cette barbarie, il s’agit avant tout d’une mesure proposée par les chasseurs pour tenter de redorer (ou « dés-ensanglanter ») l’image de leur « loisir » morbide. Ne nous y trompons pas !