Déterrage de blaireaux au Sénat : l’ASPAS dénonce un rapport atterrant

Déterrage de blaireaux au Sénat : l’ASPAS dénonce un rapport atterrant

Plus de 6 mois après avoir obtenu et dépassé les 100 000 signatures citoyennes requises, la pétition contre le déterrage des blaireaux lancée par l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) a débouché sur un rapport sénatorial pro-chasse, dévoilé le 29 mars. Malgré quelques points encourageants, notre association, forte de nombreuses victoires pour les blaireaux devant les tribunaux, dénonce un flagrant déni de démocratie et une publication biaisée très à charge contre la vie sauvage.  

Dans l’objectif d’obtenir l’interdiction de la vénerie sous terre, une pratique de chasse particulièrement violente dénoncée par 83% de Français*, l’ASPAS a lancé en mars 2022 une pétition officielle sur la plateforme e-Senat, un outil démocratique mis à disposition des citoyens par l’État.  

Grâce aux 104 745 signatures obtenues en moins de six mois, la commission des affaires économiques a accepté d’examiner notre demande en confiant à Pierre Cuypers la rédaction d’un rapport, dévoilé le 29 mars 2023.   

Avec une note globale de 0,2/20 attribuée au sénateur pour ses engagements envers les animaux*, il faut sans doute s’estimer heureux de lire dans les propositions finales du rapport l’évocation de “méthodes non létales” pour gérer les populations de blaireaux, comme l’ASPAS a pu les lui présenter lors de son audition, le 22 février dernier.

Déni de démocratie et mépris pour les blaireaux

Il faut aussi noter, même si cela va davantage de soi, la volonté d’augmenter le nombre de contrôles des veneurs par les inspecteurs de l’environnement (OFB), ainsi que la proposition – plus anecdotique – d’une journée de formation obligatoire (dispensée par les fédérations de chasse…) pour s’assurer que les maîtres d’équipage maîtrisent la réglementation en vigueur.  

Le reste, hélas, va très largement dans le sens des chasseurs, et ne laisse présager rien de bon. Non seulement le Sénat rejette en bloc la demande d’interdiction de la vénerie, considérant qu’elle est une “activité légitime” et un “loisir”, mais il détourne l’objet originel de la demande en se focalisant sur la nécessité de réguler le blaireau, accusé de causer “de graves dégâts” et de présenter “une menace pour les élevages” 

Pire : alors que le rapport admet que le “besoin de régulation ne justifie pas en soi la chasse sous terre”, les propositions finales ne visent qu’à sanctuariser davantage cette pratique cruelle d’un autre âge, dans un scandaleux déni de justice et de démocratie… Outre le souhait de développer des études scientifiques qui seraient menées par les chasseurs eux-mêmes (!), l’ASPAS s’indigne en particulier du souhait de passer de 1 à 3 ans les arrêtés préfectoraux qui autorisent une période complémentaire de vénerie sous terre dès le 15 mai: une telle proposition, qui ne tient aucunement compte des études scientifiques objectives sur le non-sevrage des blaireautins au printemps et notre jurisprudence accumulée pour ce motif ces dernières années, vise surtout à désarmer les associations de protection des animaux et protéger les veneurs!  

Des victoires juridiques et une Journée mondiale des blaireaux

Pour terminer néanmoins sur une note moins défaitiste, alors que l’ASPAS se félicite d’une nouvelle victoire en justice pour les blaireaux le 30 mars (dans la Nièvre), nul doute que le contenu scandaleux de ce rapport accentuera encore davantage l’indignation des Français sensibles au bien-être animal, et aura pour effet de renforcer la pression citoyenne sur nos décideurs, pour qu’enfin, les blaireaux obtiennent les évolutions législatives tant attendues.  

En attendant, l’ASPAS invite tout un chacun à prendre part à la Journée mondiale des blaireauxorganisée le 15 mai prochain, pour que ces animaux discrets soient connus de toutes et tous et que la réalité atroce du déterrage continue à être dénoncée, partout en France.  

Contact presse : presse@aspas-nature.org 

* Sondage IPSOS de 2018
** politique-animaux.fr 

Dernier articles de presse

20.09.2023

Un mauvais Plan pour tuer plus de loups

Nos associations dénoncent un nouveau Plan National d’Actions Loup (PNA) qui, au lieu d’être un projet de conservation de l’espèce, devient un plan dédié uniquement à l’élevage pour occire toujours plus de loups sous la pression des lobbies anti-loup.  Pire, le Plan consacre une part importante de ses actions à étudier la possibilité d’un déclassement […]

14.09.2023

L’ASPAS inaugure à Melle (79) le premier Havre de Vie Sauvage® de France 

Avec l’inauguration le 17 septembre prochain du tout premier Havre de Vie Sauvage® de France, à l’occasion des Journées du Patrimoine 2023, l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), les propriétaires Jacques et Nathalie Debuire et la commune de Melle (79) s’engagent ensemble à laisser la nature évoluer à sa guise sur un site […]

06.09.2023

Justice pour le Vivant : après une victoire historique, les ONG font appel pour obliger l’Etat à revoir l’évaluation des risques des pesticides

COMMUNIQUÉ  – Les 5 ONG environnementales* de Justice pour le Vivant ont fait appel d’une partie du jugement rendu par le tribunal administratif de Paris le 29 juin dernier, afin d’obliger l’Etat à combler les failles des méthodes d’évaluation des risques des pesticides, reconnues de manière historique dans le premier verdict. L’Etat, condamné à respecter […]

28.08.2023

La France continue de tuer inutilement des loups en grand nombre

Communiqué de presse du 24 août 2023  Le 25 juillet 2023, la seconde brigade grands prédateurs terrestres a été inaugurée à Rodez, dans le département de l’Aveyron. Cette brigade est composée d’agents de l’Office français de la biodiversité qui auront pour objectif d’intervenir sur deux espèces : les Loup et les Ours. Leur secteur de compétence s’étendra des Pyrénées à […]

08.08.2023

Vénerie sous terre des blaireaux : le Conseil d’Etat reconnaît la protection accordée aux “petits”

Saisi par l’ASPAS, AVES France et One Voice, le Conseil d’Etat a rendu le 28 juillet dernier sa décision relative à la légalité de l’article du code de l’environnement autorisant l’ouverture de périodes complémentaires de vénerie sous terre des blaireaux par les préfets. S’il s’agit d’une décision en demi-teinte, les enseignements ont déjà pour effet […]