Mini-séisme dans le monde de la chasse : le préfet de l’Ardèche veut repousser la date de début du déterrage des blaireaux dans ce département, au 1er août 2022 au lieu du 15 mai ! Devant cette petite avancée pour la cause animale, les chasseurs s’organisent pour faire reculer le Préfet. Il est donc important de participer massivement à la consultation publique avant le 3 juin !
2 mois et demi de répit pour quelques blaireaux, dans un seul petit département de France, et c’est la toute-puissante Fédération Nationale des Chasseurs qui s’affole : un e-mailing titré « TASK FORCE » est expédié en urgence à tous les réseaux de chasseurs de France, pour sauver non pas les blaireaux, pensez-vous, mais bien l’art traditionnel de la vénerie sous terre – une chasse de loisir qui n’est d’aucune utilité publique, ni écologique, susceptible de générer d’atroces souffrances aux animaux déterrés.
La moindre petite fissure dans la forteresse cynégétique, et c’est panique totale à bord : une fébrilité qui est bien le signe d’une inquiétude grandissante des chasseurs face à de « nouvelles » valeurs partagées par une majorité écrasante de Français : les animaux sauvages sont des êtres doués de sensibilité, et ils ont le droit au respect.
Pour aller dans le sens de l’histoire, l’ASPAS vous encourage donc fortement à participer à cette consultation publique pour à la fois saluer l’initiative du préfet de repousser la date d’ouverture de la période complémentaire de vénerie sous terre, tout en lui suggérant d’oser aller encore plus loin, et d’interdire tout bonnement la pratique injustifiée du déterrage.
Faute d’accès aux « études scientifiques » établies par les chasseurs dans ce département, voici quelques arguments généraux qui vous permettront de rédiger vos contributions individuelles :
Le déterrage n’est pas ce qu’il prétend être
D’après la charte de l’Association française des équipages de vénerie sous terre (AFEVST), ce « mode de chasse ancestral » se fait « dans le plus grand respect » de l’animal, et a pour objectif, entre autres, « de participer aux travaux et aux recherches relatifs aux mustélidés ». Or les chasseurs ne produisent aucune étude scientifique sérieuse sur le blaireau, et nul respect n’est par définition accordé à un animal mordu par des chiens et arraché de son terrier dans le but d’être tué…
Dans sa note de présentation, le préfet de l’Ardèche dit que « Une étude produite par la fédération départementale des chasseurs fait un état de la population, présente les prélèvements et en décrit les nécessités et pratiques. ». Or, cette étude n’est pas disponible. De manière générale, les études produites par les chasseurs sont partiales.
Le déterrage est une pratique cruelle
La préhension d’un blaireau par les chasseurs au moyen de pinces métalliques, après plusieurs heures de creusement, en présence d’une meute de chiens cherchant à le dévorer, ne peut qu’engendrer un stress extraordinaire et une grande souffrance physique. Les aménagements récents (lire ici) qui ont été apportés à l’arrêté du 18 mars 1982 sur la vénerie sous terre, qui interdit notamment « d’exposer un animal pris aux abois ou à la morsure des chiens avant sa mise à mort », sont inapplicables, de l’aveu des chasseurs eux-mêmes !
Le déterrage n’impacte pas que les blaireaux
La présence de multiples cavités que les blaireaux n’utilisent pas toutes dans des terriers complexes et anciens permet une cohabitation avec d’autres animaux, dont certaines espèces protégées (chat forestier, loutre, chauves-souris). Les chiens introduits par les chasseurs dans le terrier sont donc susceptibles de déranger, blesser et tuer ces animaux sans aucun contrôle par les chasseurs qui n’en ont même pas connaissance. De même une fois dans les terriers, les chiens des chasseurs sont aussi susceptibles d’être blessés.
Le déterrage ne lutte pas contre les dégâts
Les dégâts aux cultures qui seraient commis par les blaireaux sont rarement chiffrés, et quand ils le sont, ils sont très exagérés. Ces dégâts sont souvent confondus avec ceux, beaucoup plus nombreux, commis par des sangliers. Pour empêcher les dégâts, des solutions de protection efficaces des cultures existent (comme par exemple des clôtures basses imbibées d’essence, qui ont un effet répulsif sur le blaireau). Les dégâts éventuels des blaireaux sont à relativiser avec ceux, réels, provoqués sur la faune par les déterreurs.
Le déterrage peut favoriser la dispersion de la tuberculose bovine
La vénerie sous terre n’est d’aucune utilité pour lutter contre la tuberculose bovine ; au contraire, elle ne ferait que contribuer à son expansion ! C’est la raison pour laquelle, dans les zones à risque, un arrêté ministériel du 7 décembre 2016 interdit « la pratique de la vénerie sous terre pour toutes les espèces dont la chasse est autorisée en raison du risque de contamination pour les équipages de chiens ». La tuberculose bovine est une maladie d’origine agricole, transmise à beaucoup d’animaux sauvages dont les blaireaux qui peuvent ensuite devenir un réservoir. Depuis 2001, la France est considérée comme « officiellement indemne de tuberculose bovine » par l’Union européenne, malgré la persistance chaque année d’une centaine de foyers en élevage.
La France ne respecte pas la convention de Berne
Le déterrage est contraire à la convention européenne de Berne qui n’autorise la chasse des blaireaux qu’en connaissant les effectifs, or ceux-ci ne sont pas connus en France.
Le déterrage des blaireaux est interdit dans la plupart des pays européens
Le Blaireau est protégé de façon plus ou moins forte dans la plupart des pays d’Europe. L’Allemagne reste avec la France le seul pays d’Europe de l’Ouest à autoriser le déterrage des blaireaux.
Le déterrage est massivement rejeté par les Français
Selon un sondage IPSOS sur la chasse réalisé à l’automne 2018 auprès d’un échantillon de Français, 83 % d’entre eux sont favorables à l’interdiction du déterrage. (One Voice 2018)
Participez à la consultation publique avant le 3 juin !
Pour consulter le projet d’arrêté, cliquez ici. Pour la note de présentation, c’est ici.
Envoyez votre message à l’adresse ddt-consultation-environnementale-public@ardeche.gouv.fr avant le 3 juin 2021.
ddt-consultation-environnementale-public@ardeche.gouv.fr
Important : veillez bien à personnaliser votre message en évitant de faire des copier-coller. Et si vous habitez l’Ardèche, précisez-le, c’est encore mieux !
… et pour votre information, outre le déterrage des blaireaux repoussé au 1er août, le projet d’arrêté (qui encadre toute la saison de chasse en Ardèche pour la saison 2021-2022) comporte quelques spécificités qui ressemblent à de mini-avancées, même s’il y aurait encore tant à dénoncer :
- La prolongation de la chasse aux sangliers en mars n’est pas souhaitée par le Préfet, car “cette chasse est susceptible de porter préjudice à la reproduction d’autres espèces sensibles de la faune sauvage”. C’est exactement cet argument que l’ASPAS a brandi lorsque le gouvernement d’Edouard Philippe a souhaité adopter un décret national permettant cette prolongation ;
- La chasse des cerfs est limitée à seulement… 4 individus ;
- La pratique de la chasse est interdite… le MARDI (à l’exception des oiseaux de passage, du “gibier d’eau” et de l’étourneau sansonnet…)
MERCI POUR VOTRE MOBILISATION !