En découvrant la couverture du mois de mai 2019 du Chasseur Français, le magazine de chasse le plus lu en France depuis plus de 130 ans, l’ASPAS, avoue avoir été piquée de curiosité… Dès les premières lignes du dossier on apprend que “l’image du renard”, au sein du monde de la chasse, aurait “évolué ces dernières années”. Bien ! Et que l’heure serait venue, pour Goupil, d’avoir “enfin le droit d’être considéré comme un gibier à part entière”... Ah non, pas bien !
Rappelons aux journalistes du Chasseur Français que les animaux n’ont pas de droits, en France, et que s’ils en avaient, aucun d’eux ne choisirait celui “d’être considéré comme un gibier”, c’est-à-dire chassable par des bipèdes armés de fusils et d’arcs, mus par une recherche “d’adrénaline” et de “plaisir non dissimulé” (ce sont les termes de l’article).
S’ils souhaitent donc continuer à le massacrer, on note cependant une légère avancée bienvenue dans l’esprit de certains chasseurs, dont un certain P. Jaeger qui va jusqu’à admettre que vouloir exterminer le renard parce qu’il s’attaque aux lièvres, faisans, lièvres et autres perdrix d’élevage lâchés par les chasseurs à l’ouverture de chaque saison, “ce n’est pas de la chasse, c’est une aberration”. Visiblement, tout le travail des associations et des scientifiques pour faire reconnaître l’utilité écologique du renard dans la nature commence à résonner aux oreilles du monde cynégétique, après celui du monde agricole. Une première étape dans le long processus vers une protection intégrale du renard. Mais ça, ça sera pour un autre numéro du Chasseur Français – le champagne n’est donc pas pour tout de suite !
Preuve que les mentalités ne bougent que très faiblement : l’article qui suit le dossier est consacré aux tiques et à la maladie de Lyme, sans aucune référence au rôle de Goupil pour freiner la propagation de cette maladie handicapante. Pire, dans le dossier “Renard” un petit encadré stigmatise l’animal comme “une espèce sujette aux maladies”, notamment la gale, ce qui justifierait ainsi de les “réguler” davantage… Pourtant, la gale est justement une cause de “régulation” naturelle des renards, et n’a aucune incidence sur la santé humaine.
La fin du dossier n’est pas plus rassurante, puisque Le Chasseur Français se réjouit que la chasse aux renards attire de plus en plus de jeunes, notamment le tir d’été… c’est-à-dire une période, (c’est bien connu !), où il n’y a aucun vttiste ou randonneur de sortie. Admettons donc que le renard soit retiré de la liste des espèces “susceptibles d’occasionner des dégâts” : il resterait gibier donc chassable 10 mois sur 12, et, comme le blaireau, son déterrage (par vénerie sous terre) cruel et barbare continuera de plus belle…
Les mentalités évoluent, doucement, mais tant que le ministère de la Transition écologique n’aura pas retiré Goupil de la triste “liste de la mort”, l’ASPAS continuera sa lutte en faveur du petit canidé sauvage, afin qu’il soit protégé en France, comme il l’est dans d’autres pays européens.
Aidez l’ASPAS à diffuser la bonne parole écologique !
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- Diffusez nos kits de sensibilisation
… et restons vigilants : d’ici peu, une consultation publique sera ouverte sur le site du Ministère pour recueillir l’avis des citoyens concernant la nouvelle liste des “espèces susceptibles d’occasion des dégâts” – soyons nombreux à plaider la cause du renard !