FERUS et l’ASPAS, siégeant au Groupe National Loup et membres fondateurs de la coordination associative CAP Loup, déplorent que l’année 2018 se soit terminée sur un constat d’échec de la politique publique. L’année 2019 s’annonce encore plus mal.
Rappelons que 51 spécimens ont été abattus en 2018, soit 12% de la population décomptée et que la prédation n’a pas vraiment diminué, voire augmenté dans certains secteurs, les gros foyers d’attaques ne faiblissant pas. La conditionnalité du remboursement des animaux prédatés à la mise en place des moyens de protection n’est toujours pas appliquée, en infraction avec les obligations européennes et aucun contrôle de cette mise en place n’est fait sur le terrain. L’effarouchement a disparu de la protection au profit systématique des tirs létaux qui démontrent pourtant leur inefficacité.
Fort de ce constat 2018 accablant, l’Etat se prépare-t-il au pire ? Si l’on s’en tient à la dernière réunion du Groupe National Loup de février, il semble bien que oui.
L’Etat semble plus que jamais jouer la carte de l’élimination physique du loup en préparant des zones d’exclusion et en voulant limiter son expansion démographique au-delà de 500 loups, en s’appuyant sur une lecture partielle et biaisée du rapport d’expertise scientifique de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (Oncfs) et du Muséum national d’Histoire Naturelle, qui servirait ainsi de caution morale et scientifique.
Enfin, Emmanuel Macron vient d’annoncer que 17 à 19 % de la population de loups pourra être abattu, alors que l’expertise scientifique, commandée par le ministère de l’Ecologie lui-même, indique que les prélèvements légaux « ne devraient pas […], dépasser 10 % de l’effectif estimé pour que la population présente un bilan numérique au moins stable. »
Cette politique n’est ni réaliste ni raisonnable
Elle n’est pas réaliste car aucun pays n’a réussi à zoner le loup, espèce particulièrement mobile. Seule la Norvège s’y essaye depuis de nombreuses années, sans succès. Ce pays a, de fait, le taux de dommage par loup le plus élevé d’Europe car ses troupeaux ovins sont en totale liberté, sans protection.
Elle n’est pas raisonnable car la France se met de plus en plus en contradiction avec les textes internationaux que sont la Convention de Berne et surtout la Directive Européenne Habitats. Limiter la population de loups en France à ses effectifs actuels revient à la maintenir dans un statut « vulnérable », ainsi que défini par l’UICN, qui n’est pas un statut de conservation favorable.
FERUS rappelle que seule une politique efficace de protection des troupeaux peut nous permettre de coexister sereinement avec le loup. Les moyens de protection (berger, chiens de protection, parcs sécurisés) bien conjugués sont efficaces. FERUS demande que soient remis en action et intensifiés les moyens d’effarouchement et qu’une professionnalisation de la protection, s’inspirant des expériences réussies, soit développée.
Le loup est un animal qui apprend et il n’est pas démontré scientifiquement que son élimination physique soit une bonne pédagogie. S’il s’installe sur notre territoire, c’est avant tout parce que le biotope y est particulièrement favorable et c’est une chance pour la France dont nous devons nous féliciter.
Pour cette raison nous demandons à l’Etat d’abandonner ses projets de zonage du loup et d’abattage post 500 loups, et de privilégier la politique de protection des troupeaux, d’ailleurs inscrite dans le Plan national Loup. Les tirs létaux doivent rester une exception justifiable, comme prévu par les règles dérogatoires de l’annexe IV de la Directive Habitats, et non une solution politique de facilité qui devient la règle.