La martre et la belette piégées par Sarkozy

Une nouvelle fois, la martre et la belette changent de statut juridique. Sorties en 2002 de la liste des espèces dites « nuisibles », puis réintégrées, puis ressorties en 2008 grâce à Jean-Louis Borloo (1), elles sont à nouveau précipitamment intégrées par le ministère de l’écologie ! Ce qui reste du Grenelle prend un nouveau coup. La réalité biologique du statut de « nuisible » aussi.

Nul argument technique ou scientifique à ce revirement, mais une simple raison politique. Le président Sarkozy, à l’approche des élections européennes, est à la chasse aux voix. Et celles des chasseurs lui ont été promises par la puissante Fédération nationale des chasseurs en échange de quelques cadeaux, aux rangs desquels le retour immédiat de ces deux mustélidés sur la liste des espèces  « nuisibles ». Nicolas Sarkozy a assuré les chasseurs de son soutien dans un courrier qu’il a adressé aux chasseurs le 16 février. Les décisions n’auront pas tardé.
 
Camouflet pour le ministre de l’Ecologie. Coup de poignard présidentiel dans SON Grenelle de l’Environnement. Mais victoire sur toute la ligne pour la tendance la plus extrémiste de la chasse française. 
 
Cette valse hésitation du statut juridique de deux espèces démontre en tout cas le manque total de fondement biologique de la notion de « nuisibilité ». Toutes les études scientifiques réalisées en Europe prouvent que le régime alimentaire de ces deux mustélidés n’est en rien dommageable à la biodiversité ni aux élevages. Au contraire, ces gros consommateurs de rongeurs sont très utiles à l’agriculture et à la sylviculture. La seule chose qui motive la destruction de ces deux animaux, c’est le fait de pouvoir s’amuser à les piéger toute l’année. Le nombre des piégeurs est en hausse permanente depuis des années, mais pas celui des mammifères : on ne connaît même pas l’état des populations de martre dans la plupart des départements.
 
Curieux décalage entre le monde de la chasse et les réalités biologiques.
Curieux décalage entre le président de la République du Grenelle de l’Environnement et celui de la chasse aux voix des chasseurs.

(1) En 2003, Roselyne Bachelot avait réintégré la martre et la belette, mais aussi le putois, dans la liste des espèces « nuisibles » d’où Yves Cochet les avait sorties en 2002, comme Jean-Louis Borloo en décembre 2008. De quoi en perdre son latin.

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