Plan Loup : l’ASPAS attaque les arrêtés

Plan Loup : l’ASPAS attaque les arrêtés

Le 19 février, le Plan national d’actions 2018-2023 sur le loup et les activités d’élevage a été adopté, accompagné de deux arrêtés fixant le nombre de 40 loups à abattre en 2018 et les conditions d’autorisation des tirs. Une hérésie qui ne réglera pas les problèmes des éleveurs et met en péril la viabilité à long terme de la population de loups sur notre territoire. L’ASPAS a donc décidé d’attaquer en justice ces arrêtés.

Le 19 février 2018, les ministres de la transition écologique et solidaire et de l’agriculture ont adopté le Plan national d’actions 2018-2023 sur le loup et les activités d’élevage, et des arrêtés fixant le nombre annuel de loup à abattre et les conditions d’autorisation des tirs.

Le gouvernement n’a pas pris la mesure des enjeux en matière de reconquête de la biodiversité ni écouté les très nombreuses voix (associations, chercheurs et citoyens) qui dénoncent les incohérences et l’inefficacité de cette politique des tirs.

L’organisation des tirs : le fil conducteur du Plan

Quelques timides avancées ont été obtenues : les éleveurs ne protégeant pas correctement leur troupeau ne devraient plus être indemnisés de leurs pertes, les mesures de protection devraient être développées et mieux contrôlées, les tirs de défense privilégiés en période d’exposition de troupeaux (janvier à septembre), les tirs de prélèvements restreint de septembre à décembre.

Mais ce plan ne contient aucune remise en cause fondamentale de ce qui ne fonctionne pas depuis 14 ans, le fil directeur reste l’organisation des tirs. Depuis 2004 des loups sont abattus, depuis 2004 les dommages augmentent… Les études menées à l’étranger le montrent : les tirs létaux sont inefficaces, voir contre-productifs. Le plan prévoit d’ailleurs d’étudier cette efficacité en France. Cette étude aurait dû en toute logique être menée avant l’élaboration du plan.

Menace sur la viabilité des populations

Au-delà de son inefficacité pour réduire les dommages causés aux éleveurs, cette politique va jusqu’à mettre en péril la viabilité des populations sur le long terme :

  • 10 à 12% de la population de loups pourront être abattus chaque année, soit 40 loups pour 2018.
  • Les préfets pourront augmenter au-delà de 12% le nombre de destruction autorisées, sans aucune limite.
  • Le seuil annoncé de 500 loups d’ici la fin du quinquennat est loin de garantir la viabilité de l’espèce à long terme, de l’ordre de 2 500 à 5 000 individus selon l’Expertise scientifique collective sur le devenir de la population de loups en France

Pire, selon le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN), ce nouveau plan s’inscrit dans une volonté de « freinage, par régulation, de la croissance des populations de loups, allant bien au-delà des possibilités réglementaires de déroger à la protection de l’espèce. »

Politiquement, le lobby agricole a gagné

Ce sacrifice de 40 loups ne changera rien pour les éleveurs : la prédation continuera tant qu’il n’y aura pas une volonté politique ferme et affichée d’améliorer la protection des troupeaux et l’effarouchement des loups, de mieux gérer l’argent public donné aux éleveurs, et de mieux les accompagner, c’est-à-dire autrement qu’avec un carnet de chèque et des fusils.

Vouloir anéantir une donnée environnementale naturelle parce qu’elle est contraignante est contraire au principe d’une agriculture raisonnée et durable.

La solution n’est pas dans les tirs : nous le savons, l’État le sait, les éleveurs le savent. Alors nous continuons et continuerons de nous battre, juridiquement notamment, contre cette politique insensée. L’ASPAS a donc décidé d’attaquer ces arrêtés fixant le cadre des tirs et le nombre de loups à tuer cette saison, en saisissant le Conseil d’État dans les semaines à venir.

 

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