1 euro de réparation pour le tir d’une aigrette !

1 euro de réparation pour le tir d’une aigrette !

Il avait prétendu confondre une aigrette garzette (oiseau au plumage blanc) avec un Grand cormoran (au plumage… noir !). Gilbert Limandas, chasseur, pisciculteur et ancien administrateur de l’ONCFS*, ignorait que des agents de la police de l’environnent surveillaient la zone lorsqu’il a abattu d’un coup de fusil cet oiseau protégé, sur un étang de la Dombes (Ain), en avril 2019.

Aigrette garzette © F. Cahez

Si les inspecteurs ont correctement effectué leur travail, en dressant un procès-verbal contre leur ancien patron, le parquet de Bourg-en-Bresse a préféré quant à lui classer l’affaire sans suite, le 19 août 2019 ! Gilbert Limandas, également ancien administrateur de la FNSEA et ancien président de la Chambre d’agriculture, a reçu un simple rappel à la loi, invoquant pour sa défense une « malheureuse coïncidence »… Si aigrette garzette et Grand cormoran ont une taille similaire, leur bec est très différent mais surtout : l’un est intégralement blanc, l’autre complètement noir !

Grand cormoran © M. Quiot

Propriétaire de plusieurs étangs, Gilbert Limandas bénéficiait d’une autorisation individuelle de tirs de Grands cormorans délivrée par la préfecture de l’Ain. Ces oiseaux protégés, qui se nourrissent de poissons, sont la bête noire des pisciculteurs dont certains, plutôt que de miser sur les mesures de protection, préfèrent souvent la solution de l’abattage… D’autres oiseaux au régime poissonneux peuvent ainsi être inquiétés par le braconnage, comme les balbuzards, les hérons… et les aigrettes.

Ayant pris connaissance de ce scandale judiciaire grâce à un article du Canard Enchaîné publié le 11 septembre 2019, l’ASPAS a décidé d’attaquer le contrevenant au pénal aux côtés de la LPO et de FNE Ain (rappelons que la destruction d’une espèce protégée est passible de 150 000 euros d’amende et de 3 ans d’emprisonnement !). Après deux ans d’attente, le verdict est enfin tombé le 16 septembre 2021 : Gilbert Limandas est condamné à verser 1€ symbolique (!) en réparation du préjudice moral à chacune de nos associations, et seulement 250 € d’amende versé à l’Etat pour destruction d’espèce protégée.

Son fusil sera détruit, en revanche son permis de chasse ne lui sera pas retiré… Le juge n’a pas non plus retenu la circonstance aggravante d’avoir eu des responsabilités importantes au sein de la police de l’environnement.

Notons que le clientélisme dont semble bénéficier M. Limandas a également troublé la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Ain, qui avait choisi de ne pas se porter partie civile.

* ONCFS : Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, devenu depuis 2019 l’OFB (Office Français de la Biodiversité).

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