Le déclassement partiel du renard parmi les « ESOD » dans 3 départements ainsi que l’interdiction de son déterrage dans 11 départements font partie des bonnes nouvelles de la victoire obtenue par l’ASPAS devant le Conseil d’Etat, mardi 13 mai 2025, contre l’arrêté triennal qui détermine les « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (autrefois qualifiées de « nuisibles »).
Même si nous aurions évidemment souhaité que le renard soit retiré partout en France de cette « liste de la mort », ces avancées locales sont malgré tout encourageantes !
D’une part, nous nous réjouissons que pour l’Aveyron, la Haute-Loire et la Lozère, le juge ait notamment retenu la « contribution positive [des renards] à l’écosystème dans ces départements particulièrement touchés par la présence de campagnols ». Plus besoin de démontrer, en effet, que le renard consomme essentiellement des petits rongeurs et que sa présence est bien appréciée par les paysans, du moins ceux qui font le choix de vivre en bonne intelligence avec la nature ! Il est toutefois regrettable que cet argument n’ait pas été retenu pour les autres départements confrontés à la même problématique, et pour lesquels nous avions contesté le classement du renard.
D’autre part, nous ne cachons pas notre satisfaction de voir que grâce à notre recours, le renard ne peut plus être « détruit » (tel est le terme horrifique employé par l’administration…) par la méthode atroce du déterrage dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, de l’Aude, des Bouches-du-Rhône, du Finistère, du Gard, du Jura, de la Loire, du Bas-Rhin, du Territoire de Belfort et du Val-d’Oise.
Le ministère de l’Ecologie avait en effet pris la liberté de ne pas suivre les propositions qui lui ont été remontées par les préfets dans ces départements, en permettant la pratique du déterrage comme troisième méthode de destruction du renard (avec le tir et le piégeage). Le ministère peut prendre cette liberté, à condition toutefois de la justifier, ce qu’il n’a pas fait. Le juge estime en effet que « si le ministre, dans l’exercice de sa compétence, n’est pas tenu, pour fixer les modalités de destruction des espèces en cause, de suivre les propositions formulées par le préfet quant à ces modalités et peut s’en écarter, il lui appartient, en cas de contestation, de justifier devant le juge de l’excès de pouvoir les modalités de destruction qu’il a retenues ». Et, en l’espèce, « le ministre n’apporte, devant le Conseil d’Etat, pas d’éléments de nature à établir que cette modalité de destruction du renard serait nécessaire à la bonne régulation de l’espèce dans ces départements. »
Des avancées… temporaires
Ces quelques avancées pour les renards devraient permettre d’épargner de nombreuses vies, au moins pour les treize prochains mois sinon plus. Rappelons en effet qu’elles ne sont valables que jusqu’au 1er juillet 2026, date à laquelle devrait entrer en vigueur un nouvel arrêté triennal pour déterminer la nouvelle liste des classements ESOD pour la période 2026-2029.
D’ici là, espérons que les mentalités auront encore progressé, et que le Ministère renoncera une bonne fois pour toutes à maintenir cette réglementation insensée qui ne repose sur aucune justification scientifique !
Quoi qu’il en soit, l’ASPAS sera là pour saisir à nouveau la justice s’il le faut. Nous ne lâcherons rien pour les renards et autres mal-aimés !
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Photo d’en-tête : copyright Fabrice Cahez