Le jour de sa démission, le gouvernement Fillon publiait une nouvelle réglementation encore plus permissive en matière de destruction des loups, signée le lendemain du deuxième tour des élections présidentielles. L’empressement de nos anciens dirigeants à mettre en place cette réforme avant leur départ est révélateur de leur embarras face à l’illégalité de cette dernière. L’Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS) dépose une plainte auprès de la Commission Européenne.
La législation précédente imposait l’application des mesures de protection (1) et d’effarouchement avant d’autoriser les tirs de défense sur tous les troupeaux situés « à proximité » de zone reconnue à risque. Désormais, même si le troupeau attaqué n’est pas protégé, tous les troupeaux voisins non attaqués pourront procéder aux tirs ! Et cela après seulement une attaque dans l’année ou l’année précédente.
Or, juridiquement, le loup est strictement protégé par la Directive Habitat (2) et la Convention de Berne (3).Signataire de ces protocoles européens, la France s’était donc engagée à assurer sa protection intégrale. Cette nouvelle mesure s’inscrit pourtant dans la continuité d’une véritable politique anti-loup relayée par l’État, et vient s’ajouter à une hausse significative du nombre de tirs de prélèvement (4), délivré par le ministère de l’Écologie. L’an dernier, la destruction de 6 loups avait été autorisée par Nathalie Kosciusko-Morizet. Plus de 90 arrêtés en faveur de l’abatage de Canis Lupus avait été pris par les préfets !!! Une totale anarchie dans un dossier qui a complètement échappé au ministère de l’Écologie. Cette année, François Fillon, a autorisé le tir de 11 loups ! Le premier a été abattu le 6 juin dernier.
Devant cette mauvaise foi et l’impact négatif que cela pourrait avoir sur la présence de ce grand prédateur sur notre territoire, l’ASPAS n’a pas d’autres choix que de saisir, une nouvelle fois, la Commission Européenne.
La France se doit de respecter ses engagements pour la préservation de notre patrimoine commun. L’ASPAS rappelle que ces mesures ne feront qu’endommager une population lupine française loin d’être stable et ne règleront en aucun cas les problèmes de la filière ovine. L’ASPAS est consciente des difficultés actuellement rencontrées par les bergers et les éleveurs ovins. Ce n’est toutefois pas la destruction d’un ou plusieurs loup qui règlera la question mais une application complète et rigoureuse des mesures de protection des troupeaux et une meilleure gestion des dossiers inhérents à la filière ovine. Les problèmes rencontrés par les éleveurs et les bergers ne constituent pas l’apanage des seuls départements où le loup est présent, ce secteur souffre d’avantage des importations de milliers de tonnes de moutons que de la présence du loup.
La France encourt à nouveau une condamnation par la Cour de Justice de l’Union Européenne, une de plus !
(1) Enclos nocturne, chiens de protection, berger…
(2) Pour la conservation des habitats naturels, de la faune et de la flore sauvages de l’Europe
(3) Pour la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe
(4) Nombre d’individus à abattre « légalement » sur le territoire français, dans le cadre du protocole loup.