En déplacement à Roquefort (Aveyron), le Président de la République a plaidé ce jeudi 3 juillet pour
empêcher l’implantation du loup là “où il y a du pastoralisme”, quitte à en “prélever
davantage”. “On ne doit pas laisser le loup se développer ; qu’il aille dans des massifs où il
n’est pas en compétition avec les activités qui sont les nôtres”, a-t-il ajouté, évoquant
l’élaboration d’une loi pour y parvenir.
Nos associations condamnent fermement cette volonté présidentielle d’autoriser un
prélèvement accru du loup pour limiter sa présence dans les zones pastorales. Cette approche
fondée sur une opposition frontale entre activité humaine et biodiversité, ignore la possibilité
d’adopter des mesures efficaces de cohabitation durable, comme c’est notamment le cas en
Italie, en Espagne et aussi dans les Alpes françaises. En outre, les loups évoluent sur de vastes
territoires et les exclure des zones d’élevage n’est pas réaliste ni scientifiquement fondé.
Le loup joue un rôle essentiel dans l’équilibre des milieux naturels, par exemple pour la
régulation des chevreuils, sangliers ou cerfs qui en forte densité peuvent causer d’importants
dommages agricoles et forestiers ainsi que des collisions routières. L’engagement délibéré
d’une régression de cette espèce protégée contreviendrait aux engagements internationaux
de la France en matière de conservation. Plutôt qu’une loi visant à restreindre la présence de
loups par des abattages systématiques, nos associations appellent à renforcer les dispositifs
de protection des troupeaux, à mieux anticiper la présence du loup en accompagnant
fortement les éleveurs et à promouvoir des politiques intégrant la biodiversité dans le
pastoralisme. C’est tout le sens des moyens actuellement mis en œuvre pour concilier la
présence du loup et le développement des activités d’élevage, en concertation avec tous les
acteurs concernés.
Il est clair que le Président ne connaît rien de la réalité du terrain, puisqu’il le dit lui-même : «
Tous les gens qui inventent des règles et qui ne vivent pas avec des bêtes dans des endroits où
il y a l’ours ou le loup qui redéboulent, qu’ils aillent y passer deux nuits ». C’est précisément ce
que font les associations de protection de la nature, sur le terrain depuis plus de 20 ans. Les
bénévoles sont formés par des éleveurs à la surveillance des troupeaux ovins et bovins pour
proposer une aide concrète dans plusieurs zones à loups (les Alpes, le Jura, la Bretagne, le
Lot, …). Loin des postures et des discours déconnectés, nous agissons.
© Photo d’en-tête : V. Cech (montage ASPAS)
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