La grande majorité des répondants à la consultation publique concernant le projet de décret préparant l’abaissement du statut de protection du loup en France ont émis un avis défavorable, suivis en ce sens par l’ensemble des membres du Conseil national de la protection de la nature.
Le 24 septembre, le gouvernement publiait son projet de décret visant à modifier le code de l’environnement pour ouvrir la voie au déclassement du loup en France, prévu pour début 2026. Jusqu’au 19 octobre, les Français étaient invités à s’exprimer sur le sujet via une consultation publique, dont les résultats viennent d’être diffusés : plus de 32 000 réponses ont été enregistrées, dont 89 % présentent un avis défavorable !
Parmi les arguments avancés, le recul grave que représente ce projet pour la protection de la biodiversité, l’insuffisante prise en compte des travaux scientifiques pour son élaboration, l’importance du rôle écologique du loup dans les écosystèmes, mais aussi le danger que ferait peser l’application de ce décret sur les autres espèces protégées. En effet, la modification anticipe tout déclassement potentiel supplémentaire dans la directive « Habitats », et menace donc directement les ours, les lynx ou encore les castors, qui pourraient bien connaître à l’avenir le même sort que le loup…
Le Conseil national de la protection de la nature s’est à son tour prononcé en défaveur du projet lors de sa séance de délibération le 22 octobre, à l’unanimité ! Le comité consultatif alerte lui aussi sur le fait que les termes du projet de décret « induisent une modification générale du statut de toutes les espèces protégées », son intitulé et son champ d’application « ne [répondant] pas à la volonté affichée par l’administration de limiter au loup l’application des dispositions nouvelles qu’il institue ». Il formule par ailleurs des recommandations pour une éventuelle adoption d’une réglementation propre au loup en perspective de son déclassement par la France, qu’il ne soutient pour autant pas, ainsi qu’il le rappelle dans sa conclusion, arguant que ces recommandations « ne sauraient cependant constituer un aval du CNPN à une politique de régulation de la population de loups »…
Si cette mobilisation du public et cette prise de position sont encourageantes, nous devons rappeler que ce n’est pas la première fois qu’un projet visant le loup recueille une large majorité d’avis défavorables soutenus par le CNPN et que, malheureusement, celles-ci ont jusqu’ici été ignorées par l’État. Pour exemple, et ce n’est pas le seul, en début d’année 2025 déjà, la vive opposition du public et du CNPN au projet d’arrêté visant à faciliter la délivrance d’autorisations pour abattre des loups n’avait pas empêché le gouvernement de le promulguer…
À lire aussi : Troupeaux bovins : l’État facilite encore plus le tir de loups !
Hélas, il est à craindre que, cette fois encore, l’État fasse la sourde oreille et poursuive sa guerre politique contre le loup, à rebours des recommandations scientifiques et de ses propres conseillers… menaçant par la même occasion toutes les autres espèces protégées.
Dans ce contexte bien sombre, l’ASPAS reste plus que jamais mobilisée et continue d’agir pour le loup et tous les animaux sauvages !
Photo d’en-tête : V. Cech

