Les 18 et 19 mars 2025 s’est tenu à Foix (09) le procès des 16 chasseurs impliqués dans la mort de Caramelles, ourse tuée le 20 novembre 2021 au cours d’une battue aux sangliers au sein d’une Réserve interdite à la chasse, à Seix en Ariège. L’ASPAS, qui s’est portée partie civile dans cette affaire très médiatisée, espère des condamnations à hauteur de la gravité des faits. Nous demandons surtout que toutes les leçons en soient tirées, avec notamment une meilleure formation des chasseurs et des interdictions plus strictes de chasser dans les zones où la présence des ours est avérée.
Une battue en zone interdite
Cette matinée d’automne, l’ourse vaquait tranquillement à ses occupations, accompagnée de ses deux oursons, quand elle a été perturbée par la battue de chasse organisée par l’ACCA de Seix. Sentant la menace, elle a blessé un chasseur. Ce dernier, qui n’a en aucun cas respecté les recommandations de bonne conduite à tenir face à un ours, a utilisé son arme contre elle. Le tir lui sera fatal et laissera orphelins ses deux oursons : un acte gravissime perpétré à l’encontre d’une espèce strictement protégée et dont l’état de conservation demeure très fragile dans les Pyrénées.
L’enquête, menée par l’OFB, a permis de révéler que ce jour-là, le responsable de battue n’était pas présent au début des opérations, pas plus que la personne chargée de donner aux participants les consignes de sécurité. Plus grave encore : certains chasseurs utilisaient du matériel électronique non autorisé et le carnet de battue a fait l’objet d’une altération frauduleuse.
Surtout, la battue s’est déroulée dans la Réserve du Mont Valier, une propriété de l’Etat gérée par l’ONF sur laquelle l’ACCA n’a pas le droit de chasser. Aucune battue dans ces environs n’aurait de toute façon dû être organisée à cette période, la présence des ours dans le secteur ayant préalablement été détectée et signalée aux chasseurs.
De manière plus générale, se pose aussi la question de la pertinence de chasser les sangliers en zone montagneuse, où les dégâts aux activités humaines sont faibles voire inexistants, et où ils sont naturellement dispersés et régulés par les grands prédateurs.
4 mois de prison requis contre le tireur…
Après deux jours d’audition, où les débats se sont cristallisés autour du non-respect des limites de la Réserve du Mont Valier, de la méconnaissance par les chasseurs du comportement à adopter en cas de rencontre avec un ours, et du caractère incontestablement dérangeant des battues de chasse avec chiens courants, le procureur a requis seulement 4 mois de prison avec sursis contre le chasseur qui a abattu Caramelles. Le tireur risque en outre le retrait du permis de chasser pendant 2 ans, l’interdiction de détenir des armes pendant la même période, ainsi que 4 amendes pour un total de 1200 euros.
Les 15 autres participants à la battue risquent, quant à eux, des suspensions de permis de chasser et de permis de conduire, des interdictions de port d’armes ainsi que des amendes pouvant aller de 400 à 1800 euros liées à diverses infractions à la chasse.
175 000 euros de préjudice écologique demandés par l’ASPAS
Par la voix de son avocat Me Ruffié, l’ASPAS a demandé au tribunal à ce que l’ensemble des prévenus reversent solidairement 175 000 euros au titre du préjudice écologique. Une somme qui correspond précisément au coût que représente le lâcher d’un ours dans les Pyrénées, dans le cadre du programme de renforcement de la population ursine dans ce massif.
Les jugements définitifs seront rendus à une date ultérieure non encore communiquée par le tribunal de Foix. Nous espérons que les peines seront suffisamment dissuasives pour que ces tragédies ne se reproduisent plus !
Stop aux battues de chasse dans les zones à ours !
Pour l’ASPAS, ce procès a permis de démontrer, une fois de plus, l’insuffisance des connaissances des chasseurs concernant les ours, mais surtout le caractère dangereux et absurde des battues à l’aide de chiens courants dans des zones de montagne très sauvages et escarpées, où les dégâts agricoles sont inexistants et où les sangliers et autres ongulés devraient être laissés en tranquillité.
A minima, l’ASPAS demande à ce que tout acte de chasse en zone à ours soit conditionnée à la validation, par les chasseurs, d’une formation obligatoire sur la biologie des ours et la conduite à tenir en cas de rencontre imprévue avec le grand plantigrade. Cette formation devrait être assurée par un organisme public indépendant des ACCA et des Fédérations de chasse, comme l’OFB qui pilote par ailleurs le Réseau Ours Brun dans les Pyrénées.
Entre 1994 et 2022, pas moins de 9 ours ont été tués par la main de l’homme dans les Pyrénées, dont 5 lors de parties de chasse… L’Etat doit absolument se montrer plus intransigeant vis-à-vis des pratiquants de ce loisir néfaste pour la biodiversité, en prenant les mesures adéquates pour éviter toute future tragédie !
A lire aussi : Le 23 mars, l’ASPAS célèbre la Journée mondiale des ours !

