DOSSIER • Le renard “nuisible” de 1988 est-il le même que le renard “susceptible d’occasionner des dégâts” d’aujourd’hui ? Si cette pirouette sémantique de 2016 n’a quasiment rien changé à la logique de destruction massive toujours en vigueur en France, l’obstination de l’ASPAS toutes ces années a néanmoins permis de véritables avancées, en plus du sauvetage de millions d’animaux sauvages injustement persécutés. Retour sur quatre décennies de luttes en faveur des renards, martres, pies, corneilles et de tous ces autres vilipendés que l’Etat et les chasseurs continuent, malgré l’importance évidente de ces animaux dans l’équilibre des écosystèmes, de mettre au ban de la biodiversité.
« Ne perdons pas notre temps et notre énergie avec les politiques et leurs usines à gaz environnementalistes, mais agissons plutôt devant les tribunaux pour faire évoluer le droit de l’environnement, ainsi qu’auprès de chaque citoyen pour renforcer ses connaissances et ses devoirs envers la planète. » Ainsi parlait Alain Clément, lorsqu’il créa l’ASPAS au début des années 80 avec sa compagne Mireille Gendrier.
Depuis, ce credo fondateur n’a jamais cessé de guider les actions de notre association 100 % libre et militante, au point que, 45 ans plus tard, l’accumulation de victoires juridiques et une continuelle sensibilisation des publics nous permet de l’affirmer avec une certaine fierté : grâce à l’ASPAS, la cause des animaux sauvages persécutés a bel et bien progressé ! Certes, le lobby de la chasse est toujours puissant et certains reculs environnementaux récents sont bien inquiétants (déclassement du loup, loi Duplomb…), mais on sent monter dans la société un puissant soulèvement de fond, de plus en plus palpable, qui appelle à résister contre l’impact destructeur des activités humaines sur la biodiversité, à réduire toute souffrance animale inutile et à redonner sa juste place à la vie sauvage. L’exemple de la réhabilitation progressive des « nuisibles », infusée par l’ASPAS, est en cela particulièrement éloquent…
Les années 80 : naissance de l’ASPAS et premiers soubresauts législatifs
Lorsque l’ASPAS naît au début des années 80, les chasseurs tirent déjà en direction des maisons et pour bon nombre d’animaux qualifiés de « puants » et d’« indésirables », l’ambiance est au Far West côté piégeage et réglementation. Les préfets sont libres de déterminer eux-mêmes quels sont les « nuisibles » à détruire, et les chasseurs et piégeurs n’ont aucune justification à fournir ni de compte à rendre à l’administration dès lors que le droit de « destruction » est directement associé au droit des propriétaires de se défendre contre toute forme de nuisance (dommages, maladies, concurrence pour la nourriture, etc.). Tous les moyens – même les plus cruels – sont bons pour s’en prendre à volonté à tous ces pestiférés…
Très vite, l’ASPAS s’indigne de la situation et mêle sa voix à celles des associations de protection de la nature déjà existantes pour réclamer une réforme totale du système en place. Ce n’est qu’une question de temps : grâce à la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature (qui reconnaît, notamment, la sensibilité des animaux), et grâce aux engagements internationaux de la France (Convention de Berne et Directive européenne « Oiseaux » de 1979), le terreau est fertile pour que de nouvelles évolutions positives du droit de l’environnement voient le jour.
Il faut attendre 1984 et le premier septennat de François Mitterrand pour qu’un arrêté ministériel vienne enfin apporter un peu de cadre à l’activité de piégeage des « nuisibles » : les pièges sont désormais catégorisés, homologués, numérotés et déclarés, et ils doivent être installés selon certaines règles. Quant aux piégeurs, ils doivent suivre une formation pour être agréés, et ils doivent surtout déclarer l’ensemble de leurs prises pour établir des suivis. […]
Le texte ci-dessus est un court extrait du dossier central publié dans le Goupil n°163 de l’ASPAS – automne 2025. Goupil est le magazine trimestriel de l’ASPAS, réservé à nos adhérents, disponible en version papier ou numérique. Pour la lire la suite de ce dossier sur les “nuisibles” et découvrir l’ensemble de nos actions menées pour les animaux sauvages, devenez membre de l’ASPAS. Merci pour votre précieux soutien !

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