Renard pendu : la barbarie ordinaire de nos campagnes

Renard pendu : la barbarie ordinaire de nos campagnes

Partagée des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, la photo du renard pendu à Aiglun, dans les Hautes-Alpes, en a scandalisé plus d’un. A tel point que la presse régionale s’est emparée de l’info : le Dauphiné LibéréD’Ici, Nice Matin… ainsi que La Provence qui n’hésite pas à parler « d’acte barbare » et « d’extrême violence ».

L’ASPAS salue cette indignation généralisée, qui est le signe que le vent tourne en France : grâce aux réseaux sociaux, les citoyens sont de plus en plus sensibilisés aux atrocités commises contre la faune sauvage et alors que les objecteurs de conscience sont de plus en plus dans le viseur de l’État, rien n’est entrepris contre ceux qui provoquent ouvertement les citoyens les plus sensibles à la nature et à la souffrance animale…

Il n’est, hélas, pas si rare de découvrir de telles mises en scène macabres dans les campagnes françaises, là où sévissent des groupes d’individus restés ancrés dans la certitude de leurs croyances fantasques et moyenâgeuses. Voleur de poules, vecteur de maladies… Malgré une évolution timide des mentalités et des pratiques, pour une majorité de chasseurs « un bon renard reste un renard mort ». Par provocation, par fierté, certaines personnes aiment exposer de façon morbide et choquante le fruit de leurs « prélèvements ».

Des histoires comme celle de ce renard pendu, l’ASPAS en connaît des dizaines. Il y a quelques jours à peine nous avons été alertés par une adhérente qui a été interloquée de voir à Doizieux (43), en pleine rue, différents cadavres d’animaux considérés comme « nuisibles » (renards, fouines…) exposés à la vue de tous. La photo d’un autre renard, pendu par la queue cette fois-ci à Paray-le-Fresil (03) à côté d’un arrêt de bus scolaire, a beaucoup circulé également sur le web ces derniers jours. Un flou juridique entoure ces pratiques obscènes pourtant moralement condamnables.

Des renards, il s’en tue environ 600 000 chaque année en France, 12 mois sur 12 (par tir, piégeage, déterrage, battue administrative…). Et ce nombre n’intègre pas les milliers victimes de collisions routières. S’il suffit d’une photo d’un individu pour sensibiliser les quelque 60 millions de Français non-chasseurs aux atrocités commises dans nos campagnes, tant mieux !

Les nombreux atouts écologiques du renard

© F. Cahez

Nous avons aujourd’hui toute la littérature scientifique à disposition pour réhabiliter les renards, pourtant toujours classés parmi les « espèces susceptibles d’occasion des dégâts » : il protège les cultures des paysans, il nettoie la nature des proies malades, il freine la propagation de la maladie de Lyme qui affecte les humains… Les renards ont toute leur place dans l’écosystème. Quant aux poules, il suffit de bien fermer la porte du poulailler, le soir, et d’installer une clôture suffisamment imperméable.

Grâce à l’action du Collectif Renard Grand Est, dont fait partie l’ASPAS, une question écrite à destination de la ministre de l’Ecologie Mme Elisabeth Borne a été publiée au Journal Officiel le 31 décembre 2019, portée par le député de Meuthe-et-Moselle Xavier Paluszkiewicz (LREM), pour dénoncer le caractère obsolète et non scientifique des classements d’animaux anciennement appelés « nuisibles », grandement établis sous la pression du lobby chasse. Nous attendons la réponse de la Ministre avec grand intérêt.

Car ce qui dérange le plus les chasseurs, en vérité, et qui explique l’acharnement du monde cynégétique contre goupil, est que le petit prédateur leur fait concurrence en s’attaquant aux faisans, perdrix, lièvres et autres « petits gibiers » qui sont élevés par millions chaque année, dans le seul but d’être relâchés pour mourir sous le plomb des fusils. Le renard chasse pour survivre, le chasseur pour se faire plaisir…

En 2020, comment peut-on encore sacrifier la biodiversité pour subvenir aux petits plaisirs égoïstes de certains bipèdes ?

Prenez la défense de Goupil !

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