A la suite de l’incendie dévastateur qui a ravagé près de 17 000 hectares cet été dans les Corbières, l’ASPAS appelle à un moratoire de toute chasse et de toute destruction de la faune sauvage, pour un an au minimum. Dans un courrier* adressé au préfet de l’Aude, le 5 septembre 2025, notre association exige que l’interdiction s’applique à l’ensemble de la zone incendiée, mais aussi à une zone tampon, tout autour, afin de permettre aux individus rescapés de survivre et aux populations entières de se reconstituer.
Le méga-feu survenu dans l’Aude en août 2025 est le plus important de France ces 75 dernières années. Après une telle apocalypse pour la faune locale, il serait extrêmement choquant que le préfet maintienne une pression de chasse dans une zone aussi sinistrée, où les animaux ne s’en remettront pas avant plusieurs années.
Une interdiction prévue par le code de l’environnement
L’article R. 424-3 du code de l’environnement dispose qu’ “en cas de calamité, incendie, inondation, gel prolongé, susceptible de provoquer ou de favoriser la destruction du gibier, le préfet peut, pour tout ou partie du département, suspendre l’exercice de la chasse soit à tout gibier, soit à certaines espèces de gibier.”
En outre, l’article L425-8 prévoit qu”“en cas de circonstances exceptionnelles, il peut être fixé un nouveau plan de chasse se substituant au plan de chasse en cours”.
Par devoir éthique, au regard de l’ampleur de la catastrophe qui a touché l’Aude cet été, le préfet doit recourir sans hésiter à ces dispositions et s’affranchir de toute pression émanant du monde cynégétique.
Devoir éthique et arguments scientifiques
Des études confirment, s’il était besoin, que les incendies entraînent une mortalité immédiate et des déplacements significatifs chez plusieurs groupes d’animaux. C’est notamment le cas de certaines espèces chassées, comme les herbivores, qui évitent les zones récemment brûlées en l’absence de repousse végétale.
Par ailleurs, les animaux survivants subissent une forte pression à plusieurs niveaux : raréfaction de la nourriture (flore et faune), pénurie d’eau, destruction des abris, exposition accrue à la prédation, etc.
Les changements microclimatiques engendrés par les incendies (variations d’humidité, de température, de pH) induisent également un stress physiologique qui affecte notamment la thermorégulation, la digestion, la reproduction ou encore l’immunité. Chez les mammifères affaiblis par le manque de ressources, le lait maternel peut devenir moins nutritif, entraînant des carences chez les jeunes et un ralentissement global du cycle reproductif.
Dans un tel contexte de grande vulnérabilité pour les animaux, la chasse représente une pression évitable et directement nuisible. Elle amplifie les effets de stress, de mortalité et de déséquilibre écologique déjà provoqués par le feu. Suspendre cette activité pendant au moins un an permettrait une reprise plus saine des chaînes écologiques, sans compromettre les dynamiques naturelles de régénération.
A la lumière des connaissances scientifiques et en vertu des dispositions juridiques prévues par la loi, l’ASPAS appelle urgemment le préfet de l’Aude à prendre un arrêté pour interdire toute chasse des animaux “gibier” et toute destruction des animaux “ESOD”, et à instaurer une grande zone de tranquillité qui englobe à la fois les massifs incendiés et une large zone tampon de plusieurs dizaines de kilomètres. Nous appelons également le préfet à modifier le plan de chasse des grands animaux sur l’ensemble du département.
L’urgence vitale des animaux sauvages doit primer sur le petit plaisir destructeur d’une minorité armée !
* Pour lire le courrier, cliquez ci-dessous :
Agissez avec l’ASPAS !
Pour appuyer notre demande de moratoire de la chasse dans l’Aude, vous pouvez :
- Partager cet article et notre courrier au préfet autour de vous
- Ecrire vous aussi à la préfecture via ce formulaire en ligne
- Signer la pétition citoyenne sur Change.org
Photo d’en-tête © Engin Akyurt

