Article publié le 9 août 2025 – mis à jour 29 août 2025
En Corrèze, une vague de 14 arrêtés de tirs de défense simple accordés aux éleveurs du plateau de Millevaches menacent la survie d’une famille de loups au patrimoine génétique exceptionnel. Pour sauver ces loups et obliger le préfet à privilégier d’autres solutions de protection des troupeaux, l’ASPAS a déposé en urgence, samedi 9 août, un recours devant le tribunal administratif de Limoges avec le soutien de l’association Carduelis.
Hélas, dans sa décision datée du 29 août, le juge des référés n’a pas jugé urgent de suspendre les tirs… Il a notamment estimé que la protection s’apprécie au niveau de l’espèce, et pas des lignées génétiques différentes. L’ASPAS regrette cette décision et place désormais tous ses espoirs dans le jugement sur le fond qui sera rendu dans plusieurs mois.
Si l’ASPAS a bien conscience que la justice décide rarement de suspendre les arrêtés de tirs de défense simple, compte tenu de l’extrême légèreté des conditions requises pour leur mise en œuvre (aucune vérification sur le terrain de la bonne mise en place des moyens de protection, aucune attaque avérée de loup nécessaire, etc.), nous déplorons la précipitation avec laquelle le préfet a accordé ces tirs, et surtout leur nombre (14 !), tous pris le même jour ! Cet argument n’aura hélas pas non plus convaincu le juge.
Si la justice ne peut donc pas sauver ces loups dans l’immédiat, nous réitérons donc notre demande auprès du préfet pour qu’il abroge ses arrêtés et change son fusil d’épaule !
Non seulement l’abattage des loups n’arrangera rien aux problèmes des éleveurs mal protégés sur le long terme – le territoire risquant rapidement d’être occupé par d’autres loups – mais la condamnation de cette unique famille de loups sur le plateau de Millevaches serait une terrible nouvelle pour la conservation de cette espèce protégée dans le Limousin et en France, compte tenu du patrimoine génétique exceptionnel et inédit des 4 louveteaux nés ce printemps avec un père de lignée germano-polonaise et une mère de lignée italo-alpine.
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De plus, avec la simplification du protocole de tir en place depuis le 21 février 2024 où les éleveurs peuvent faire appel à plusieurs tireurs, le préfet multiplie gravement la probabilité que les loups adultes soient tués, avant même qu’ils n’attaquent la moindre brebis.
En décrétant une telle zone de guerre, sur 14 exploitations différentes, l’État donne très peu de chances de survie à cette famille de loups, espèce toujours strictement protégée, faut-il le rappeler !
Dans ce contexte très inquiétant, plutôt que de missionner des lieutenants de louveterie (= tueurs de loups) et de délivrer à tout va aux éleveurs des autorisations de tirs de défense, l’État devrait tout faire pour au contraire garantir la protection de cette famille de loups, tout en promouvant des solutions de coexistence avec le monde pastoral.
S’il est pleinement entendable que les éleveurs locaux, déshabitués depuis des décennies à la présence d’un tel prédateur dans la région, se trouvent bouleversés par cette nouvelle donnée, il est indispensable que l’État ne cède pas à la facilité des tirs de destruction et accompagne les professionnels pour les aider à réduire au maximum la vulnérabilité de leurs troupeaux.
Si, malgré la mise en place de mesures de protection des troupeaux (clôtures, chiens, bergers), des attaques de loup surviennent, rappelons que le préfet peut autoriser, avant d’ouvrir le feu, des tirs d’effarouchement.
Un loup abattu n’apprendra jamais rien à ses congénères : un autre le remplacera tôt ou tard, et n’hésitera pas à s’attaquer, surtout en l’absence de proies naturelles, à tout troupeau insuffisamment protégé !

