Le 6 mai 2025, la responsabilité de 16 chasseurs a été reconnue dans la mort de l’ourse Caramelles, tuée lors d’une battue en 2021. L’ASPAS, partie civile dans cette affaire, se réjouit que justice soit passée, mais regrette des peines bien trop légères eu égard à la gravité des faits. Surtout, pour que de telles atteintes à la nature ne se reproduisent plus, nous demandons de l’État une réforme sérieuse et ambitieuse du loisir chasse !
4 ans et demi après la tragédie, un peu de justice est enfin arrivée pour Caramelles et ses deux oursons : le 6 mai 2025, après une longue enquête et deux jours d’un procès historique très médiatisé, le tribunal judiciaire de Foix a reconnu la culpabilité des participants de cette funeste battue aux sangliers, organisée le 20 novembre 2021 au sein d’une réserve interdite à la chasse, à Seix en Ariège, qui avait conduit à l’abattage de l’ourse.
Si l’ASPAS se satisfait que l’ensemble des chasseurs aient été condamnés, nous regrettons que les peines prononcées soient bien trop clémentes eu égard à la gravité des faits : les 4 petits mois de prison avec sursis infligés à M. Rives pour avoir tué une ourse reproductrice, espèce rare dans les Pyrénées et strictement protégée, n’ont absolument rien de dissuasif, pas plus que la suspension de son permis de chasser pour 6 mois ni les quelques centaines d’euros de contravention ! Quant aux armes qui lui ont été confisquées, rien ne lui interdit de s’en procurer de nouvelles qui seront tout aussi dangereuses.
Un tel jugement, qui semble davantage reconnaître la légitime défense plaidée par le chasseur que le caractère irresponsable de ses actes, envoie un bien mauvais signal pour la protection des ours et de leur habitat, rien ne garantissant que de futurs incidents entre les chasseurs et les grands plantigrades ne se reproduiront pas…
Ce verdict est toutefois quelque peu compensé par les sommes que les contrevenants devront verser aux différentes associations parties civiles. Il est en particulier de bon augure que le préjudice écologique causé par l’abattage de Caramelles ait été reconnu par le tribunal même si, avec un total de 29 501 euros (dont 6 000 pour l’ASPAS), on reste très loin des 175 000 euros réclamés par les parties civiles*.
Une réforme de la chasse s’impose
Plus de 20 ans après la mort de Cannelle, tuée dans des circonstances similaires, cette récidive de la part du monde cynégétique est bien la preuve que l’État ne prend pas la question de la protection des ours en période de chasse au sérieux, aucune véritable réforme de ce loisir n’ayant été entreprise par les gouvernements successifs ces dernières décennies.
Pour l’ASPAS, l’affaire Caramelles a en effet permis de démontrer, une fois de plus, l’insuffisance des connaissances des chasseurs concernant les ours, mais surtout le caractère dangereux et absurde des battues à l’aide de chiens courants dans des zones de montagne très sauvages et escarpées, où les dégâts agricoles sont inexistants et où les sangliers et autres ongulés devraient être laissés en tranquillité.
A minima, l’ASPAS demande que tout acte de chasse en zone à ours soit conditionné à la validation, par les chasseurs, d’une formation obligatoire sur la biologie des ours et la conduite à tenir en cas de rencontre imprévue avec le grand plantigrade. Cette formation devrait être assurée par un organisme public indépendant des ACCA et des Fédérations de chasse, comme l’OFB qui pilote par ailleurs le Réseau Ours Brun dans les Pyrénées.
Rappelons qu’entre 1994 et 2022, pas moins de 9 ours ont été tués par la main de l’homme dans les Pyrénées, dont 5 lors de parties de chasse… Pour éviter toute future tragédie, l’État doit absolument se montrer plus intransigeant vis-à-vis de ce loisir, au pouvoir de nuisance si néfaste pour la biodiversité !
* Somme qui équivaut au coût que représente le lâcher d’un ours dans les Pyrénées, dans le cadre du programme de renforcement de la population ursine dans ce massif.
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