Le col de Lizarrieta, zone Natura 2000 plombée par la chasse !  

Le col de Lizarrieta, zone Natura 2000 plombée par la chasse !  

Une étude publiée par l’association CPAL* alerte sur les taux anormalement élevés de plomb contenu dans le sol et les organismes vivants du col de Lizarrieta, un site très prisé par les chasseurs d’oiseaux migrateurs… 

Véritable hot-spot de la migration, le col de Lizarrieta situé sur la commune de Sare (64) est tristement célèbre pour ses dizaines de milliers d’oiseaux abattus chaque année par les chasseurs. Chaque année, à l’automne, ce col de passage entre la France et l’Espagne se transforme en véritable zone de ball-trap où des dizaines de tireurs embusqués s’amusent à canarder pigeons, grives et autres étourneaux. Comme a pu le constater le militant naturaliste Pierre Rigaux dans une enquête diffusée sur les réseaux sociaux, accompagné du photographe Pierre Gleizes, certains ne se donnent même pas la peine de ramasser les cadavres gisant au sol, ni d’abréger les souffrances des individus blessés…  

Heureusement, ce site sensible classé Natura 2000 (!) attire aussi de vrais amoureux de la nature qui, plutôt que de collectionner les oiseaux morts, comptent les oiseaux vivants ; un précieux suivi saisonnier riche d’enseignements pour la connaissance et la conservation des espèces qui a permis le recensement de plus de 160 oiseaux différents (cigognes, milans, busards, faucons…)  

Mais depuis quelques années, scandalisés par les abus des chasseurs qui s’adonnent avec la bénédiction de l’Etat à un carnage illimité (aucun quota n’est fixé !), des ornithologues engagés au sein de l’association locale CPAL se sont mis à compter autre chose : le nombre de coups de feu tirés par les nemrods chaque saison et la quantité de plastique et de plomb disséminée dans le milieu naturel… 

© Pierre Gleizes
Bienvenue en France... Postes de chasse à la frontière franco-espagnole, sur la commune de Sare (64) © Pierre Gleizes

Lors de la saison de chasse 2022-2023, l’association a comptabilisé plus de 50 000 coups de feu. Sachant que chaque cartouche représente 1 gramme de plastique 32 grammes de plomb, le calcul est rapidement fait : en plus des dizaines de milliers d’oiseaux tués, une saison de chasse rien qu’au col de Lizarrieta équivaut à une pollution de l’ordre de 1700 kg de plomb et 50 kg de plastique 

Compte tenu des dangers que représente la concentration du plomb pour les organismes vivants, y compris nous les humains, la CPAL a voulu aller plus loin, en mesurant plus précisément l’ampleur de la contamination de l’environnement par ce métal lourd. Entre novembre 2021 et novembre 2022, des analyses en laboratoire ont ainsi été menées sur différents échantillons (terre, eau, légumes, champignons, crottin de poney…).  

Révélés le 14 février 2024, les résultats sont à la fois édifiants et alarmants : le sol de la forêt de Sare présente des taux de plomb de 820 mg/kg, soit une concentration 2 fois supérieure à la limite fixée par le BRGM pour qualifier un site de pollué (400 mg/kg) ! Quant aux échantillons prélevés sur la matière organique, 8 présentent une concentration considérée comme anormale. Les champignons, notamment, dépassent de 4 à 14 fois la concentration autorisée par la réglementation européenne pour leur commerce… 

*CPAL : Comptage, Protection et Animations à Lizarrieta, association fondée en 2018 – https://www.cpal-migration.fr/ 

Photo d’en-tête © Pierre Gleizes

Opération « J’aime la nature sans chasse » !

Cartouches, billes de plomb, charniers, seaux de nourrissage… Documentons la réalité de la chasse en France et son impact réel sur l’environnement en diffusant photos et vidéos sur les réseaux sociaux avec les hashtag #JaimeLaNaturePropre et #JaimeLaNatureSansChasse !  
Si vous n’êtes pas sur les réseaux sociaux, envoyez vos documents à l’ASPAS à la boîte temoignage@aspas-nature.org 

Dernières actualités

16.04.2024

Bouquetins du Bargy : du mieux mais des animaux sains toujours menacés d’abattage !

Trois nouveaux arrêtés sont actuellement soumis à consultation publique jusqu’au 25 avril par la préfecture de Haute-Savoie, visant à lutter contre l’enzootie de brucellose au sein des populations de bouquetins sauvages dans les massifs du Bargy et des Aravis. L’ASPAS vous invite à y participer en refusant toute opération visant à abattre des bouquetins potentiellement […]

16.04.2024

La Poste milite en faveur des renards !

De superbes photos de renards dans leur milieu naturel sur des timbres 20g, et un message de sensibilisation sur la place du petit carnivore dans l’écosystème : l’ASPAS ne peut que saluer cette initiative de La Poste, entreprise de service public, qui propose à la vente dès le 3 juin prochain un « collector » à tirage limité* […]

04.04.2024

Consultations publiques : dites NON au déterrage des blaireaux dès le 15 mai !

À partir du 15 mai, dans plusieurs départements de France, les chasseurs ressortent leurs pelles, pioches et autres instruments de torture pour s’adonner à leur funeste passion : le déterrage de familles entières de blaireaux, directement au terrier. Interdite chez la plupart de nos voisins, la chasse sous terre fait de la résistance en France, […]

03.04.2024

L’Etat doit faire plus pour les ours en France ! 

Si le dernier bilan démographique publié par l’Office Français de la biodiversité (OFB) révèle une légère progression de la population des ours dans les Pyrénées en 2023, le brassage génétique est toujours préoccupant et on est encore loin du seuil minimal de viabilité de l’espèce. Redonnons sa place à l’ours dans les grands massifs de […]