Martres : tuées en France, réintroduites au Royaume-Uni !

Martres : tuées en France, réintroduites au Royaume-Uni !

Pendant qu’en France le massacre va scandaleusement bon train, au Royaume-Uni la martre bénéficie d’un statut d’espèce protégée et elle est même réintroduite dans les forêts d’Ecosse* !  

Des études ont en effet démontré l’efficacité du mustélidé dans la prédation de l’écureuil gris (Sciurus carolinensis), une espèce originaire d’Amérique qu’on qualifierait en France « d’espèce exotique envahissante », et qui pose de sérieux problèmes outre-Manche à Sciurus vulgaris, l’écureuil roux bien de chez nous, qui a vu son territoire réduit et ses populations décimées par la « Squirrel Pox » : une maladie véhiculée par les gris, et mortelle pour les roux. 

Si la martre peut chasser les deux espèces d’écureuil, il apparaît que les gris sont plus beaucoup naïfs et moins vigilants que les roux, ce qui s’explique par les dizaines de milliers d’années où martres et écureuils roux ont évolué côte-à-côte, s’adaptant l’un à l’autre dans un juste équilibre naturel prédateur-proie. Voilà un concept bien étranger au monde de la chasse en France : oui, la nature qui évolue librement se régule très bien toute seule ! 

Un lâcher de “nuisibles” en France ? Chiche !

Dans l’Héxagone, pays où les chasseurs soufflent à l’oreille du Président et “régulent” encore des espèces en voie de disparition, recourir à une expérience similaire relève en 2022 à de la science-fiction… Pour les renards, les agriculteurs commencent enfin doucement à comprendre et apprécier leur rôle de régulateur des campagnols. Mais la martre… Y’a du boulot !  

Grâce à son recours devant le Conseil d’État, l’ASPAS est tout de même parvenue avec d’autres associations à déclasser la martre de la liste ministérielle 2019-2022 des « espèces à abattre » dans 3 départements : l’Ain, la Moselle et les Hautes-Pyrénées.  

C’est une bonne nouvelle en ce que de nombreux animaux sont sauvés, mais il y a encore beaucoup à faire pour réhabiliter cette espèce toujours considérée comme « nuisible » dans 23 départements. Et elle va le rester jusqu’en juin 2023, puisque l’État a même retardé d’un an la révision de cette fameuse liste de la mort pour cause d’élections présidentielles… Or qui dit nuisible (ou « espèce susceptible d’occasionner des dégâts ») dit massacre légal de cette espèce 12 mois sur 12 mois, essentiellement par piégeage…  

Pourquoi tant de haine contre la « belle des bois » ?

Prédatrice de rongeurs, d’oiseaux, la martre des pins est accusée par les chasseurs, comme tant d’autres petits prédateurs, de s’en prendre à leur « petit gibier » : pour nos chers « 1ers écolos de France », l’animal ne mérite pas de vivre, c’est un concurrent à abattre. Pourtant, pour qui s’intéresse vraiment un minimum à la biologie de ce petit mustélidé inféodé aux forêts, la martre participe, comme tout autre animal sauvage, à la bonne santé de son écosystème. Ce qui n’est pas le cas des chasseurs qui lâchent et nourrissent des animaux dans la nature (perdrix, faisans) élevés dans des conditions souvent déplorables (voir notre enquête à ce sujet), et qui font pression auprès de l’État pour supprimer tout animal qui viendrait perturber leur petit plaisir morbide.  

Le rôle des prédateurs en France dans l’équilibre des écosystèmes est évidemment reconnu par le monde scientifique, mais pour des histoires d’argent, de pouvoir, d’électorat, ce sont rarement les scientifiques que l’État choisit d’écouter, au profit des lobbies de la chasse et de l’agriculture…   

Comment inverser la logique ?

En parallèle à son combat juridique, l’ASPAS mise beaucoup sur la sensibilisation du grand public et des élus. Aidez-nous à défendre la voix des « nuisibles » !   

Vous élevez des animaux de ferme ? Vous cohabitez en paix avec la faune sauvage environnante (renards, martres, fouines, geais, pies…) ? Témoignez, remplissez une déclaration de non-dégât ! Partagez également avec vos maires qui peuvent agir en faveur des mal-aimés. Et pour que cette action perdure dans la durée, vous pouvez faire un don sur notre cagnotte spéciale HelloAsso. Merci pour votre précieux soutien !  

Source : The Guardian, article du 18 février 2022

© Photo d’en-tête : Patrick Joudrier 

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